mardi 2 mars 2010

Les leçons de l'investisseur: ne pas signer un contrat en mandarin, à moins de bien connaître la langue

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Le cimetière des petites entreprises québécoises aux promesses démesurées s'est enrichi d'une nouvelle pierre tombale la semaine dernière, celle de la biotech ConjuChem (CJB-TSX). Elle s'est en effet placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), pour procéder à une restructuration de son capital. Et comme on sait ce que ce genre de restructuration laisse comme part pour les anciens actionnaires ordinaires, aussi bien dire que pour eux, c'est R.I.P..

ConjuChem a connu son heure de gloire il y a quelque années, alors que certains entrevoyaient le jour où elle ferait une percée majeure dans le traitement du diabète. Moi je n'ai mordu que tout légèrement à l'hameçon, mais un de mes amis y a mordu à pleine dents, laissant $20,000 dans l'aventure. Il a été envoûté par ce titre et ses promesses de grand soir où il passerait à la caisse, une sorte de fixation sur un mirage. Heureusement pour lui, il a eu une autre fixation nettement plus heureuse sur une autre compagnie, Garda World, qui a connu une forte remontée depuis un an, ce qui fait qu'il ne s'en tire pas trop mal en bout de ligne. Il faut cependant se méfier de ce type d'investissement concentré sur une poignée de titres, à moins de connaître chacun d'eux dans leurs moindres coutures.

Ce qui m'amène à parler d'un conseil de notre bon vieux Warren Buffett: investissez dans le type d'entreprise que vous comprenez. Imaginez, le plus grand investisseur de tous les temps, ami personnel de Bill Gates, n'a jamais investi un sous dans Microsoft pour la simple raison qu'il avoue ne rien comprendre à l'informatique. Warren Buffett n'investit pas dans une entreprise qu'il ne comprend pas.

ConjuChem Biotechnologies sur son site affirmait:

ConjuChem élabore des médicaments de prochaine génération à partir de peptides thérapeutiques uniques et à action prolongée. L'ensemble des composés de ConjuChem s'appuient sur les plateformes de bioconjugaison appelées complexe d'affinité-pharmacothérapeutique (DACMC) et conjuqué préformé-complexe d'affinité-pharmacothérapeutique (PC-DACMC). Appliquées à un peptide spécifique, ces plateformes permettent d'élaborer de nouveaux médicaments aux effets thérapeutiques identiques à ceux du médicament d'origine, mais dont la durée d'activité est beaucoup plus longue et les profils d'innocuité améliorés.

Ça vous dit quelque chose? Moi pas. Par contre, pour Garda, c'était plutôt simple à comprendre: des camions blindés qui transportent de façon sécuritaire des devises, de la monnaie, des chèques et autres objets de valeur...

Cette compréhension des activités de l'entreprise est une première condition à l'investissement. Bien sûr l'analyse ne s'arrête pas là et même si l'activité est claire, ses états financiers et son marché peuvent être fort complexes à comprendre. Ce n'est qu'un point de départ mais il est essentiel. Alors que "les plateformes de bioconjugaison appelées complexe d'affinité-pharmacothérapeutique (DACMC) et conjuqué préformé-complexe d'affinité-pharmacothérapeutique (PC-DACMC)", pour moi, c'est comme lire un contrat en mandarin!

Mettre ses sous dans une entreprise sans pouvoir expliquer clairement ce qu'elle fait, est un très mauvais point de départ qui risque de vous amener un jour à visiter un cimetière.
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2 commentaires:

WhiteShad a dit…

Je n'aurais pas pu trouver un meilleur exemple.

Bien dit !

Anonyme a dit…

Je me reconnais dans cet article dans l'exactitude du montant que j'ai perdu dans Conjuchem. Mais ce n'est qu'un hasard.

- Mollari