samedi 2 décembre 2017

Les échanges de titres: un couteau à deux tranchants!

L'un des pièges lorsqu'on débute en bourse, c'est de développer le besoin de transiger, simplement pour sentir la "drive" de transiger, la sensation de réaliser ce qu'on croît être un bon coup. Si on ne possède pas de liquidités pour assouvir notre soif de transiger, qu'est-ce qu'on fait? On se tourne vers la possibilité de "faire des échanges", comme on dit en langage de hockey. Et si je vendais le titre de cette jeune recrue dont le développement semble piétiner et que j'obtenais en échange ce vétéran qui a fait ses preuves et qui pourrait me donner rapidement un meilleur rendement... Ou l'inverse, je pourrais me débarrasser de ce vétéran assoupi et obtenir cette recrue qui a le potentiel d'une super-star... On devient un directeur-gérant impatient, prêt à chambouler son équipe pour le seul plaisir de bouger et de se sentir utile.

À mes débuts en bourse, après quelques temps, je me suis retrouvé dans cette situation: je n'avais plus de liquidités, mais en étudiant les marchés je voyais plein de Wayne Gretzky et de Mario Lemieux qui ne demandaient qu'à être repêchés. Je décidai alors de passer à l'action et je fis deux échanges dans une même journée, j'ai montré la sortie à Exfo Electro-Optical (EXF-TSX) et à JDS Uniphase et j'obtins en retour Corning (GLW-NYSE) et PerkinElmer Inc (PKI-NYSE). Il s'avéra que ce fut un excellent échange, car mes deux acquisitions qui étaient au plancher au moment de la transaction, semblèrent complètement revigorées dès leur arrivée dans leur nouvelle équipe! Ils remplirent les buts séance après séance, alors que mes deux anciens joueurs se retrouvèrent pratiquement dans la ligue Américaine...

Cette chance du débutant dont avait bénéficié le jeune directeur-gérant que j'étais, me monta rapidement à la tête. Pourquoi m'arrêter là, puisque j'avais le flair d'un Sam Pollock! Je me mis à multiplier les échanges, je cédais des recrues au potentiel intéressant que j'avais pris des mois à dépister dans les mineures, pour les troquer pour le premier joueur venu qui me semblait leur être supérieur par une coche. Il arriva ce qui devait arriver: les échanges suivants furent nettement moins intéressants, jusqu'au jour où j'échangeai, sans le savoir, celui qui aurait pu devenir mon joueur étoile, celui qui m'aurait mené à la coupe Stanley: Algoma Steel. Cette entreprise qui a été privatisée depuis aurait été mon premier ten bagger!

Marc Bergevin quand il transige, n'a pas à payer des frais de transaction ou à déclarer des gains de capitaux imposables, privilège que nous n'avons pas, nous investisseurs. L'échangisme à outrance en bourse est donc une pratique qui peut s'avérer coûteuse et risquée, et qui vous amènera inévitablement à vivre de douloureux regrets quand vous apercevrez un jour ce joueur que vous aviez découvert dans un aréna situé dans un coin perdu, briller maintenant de tous ses feux dans l'équipe adverse, installé au sommet de la liste des pointeurs de la ligue Nationale...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Les frais de courtage ont beaucoup baissés facilitant "les échanges" et encourageants les transactions. Si je me souviens bien je pouvais payer plus de 50 $ pour une transaction alors qu'aujourd'hui j'en paie 10 $ et que ça me coûte rien pour les FNB chez BNC. Quelques observations à ce sujet :

--Pour les petits investisseurs, si nous transigeons beaucoup ça peut venir bouffer tous nos profits.

--J'avoue transiger encore pas mal aujourd'hui (trop peut-être ?) mais je conserve un noyau dur de titres de confiance. De plus, les titres transigés sont souvent les mêmes.

--Il est de toute façon prouvé que les investisseurs autonomes ont le piton faciles dans leurs débuts et qu'ils se calment par la suite.

--Je crois qu'il est important de se faire un plan de match quand on achète un titre et de s'en tenir à celui-ci sauf en cas d'impondérable important.

--Il est de plus en plus rare aujourd'hui de garder un titre en porte-feuille plus d'un an et pourtant.......

Pibop

Condor a dit…

C'est donc toi qui a échangé ton Ryan McDonagh pour un certain Scott Gomez...

Québec Bourse a dit…

Ha ha! J'ai mis la photo de ce joueur intentionnellement. Cet échange désastreux de Bob Gainey illustre bien qu'au hockey, comme à la bourse, les meilleurs échanges sont parfois ceux que l'on ne fait pas!