vendredi 15 juin 2018

Diana Containerships: la reine incontestée des reverse splits!

Certaines entreprises peu scrupuleuses utilisent régulièrement la consolidation d'action, communément appelé reverse split, pour leur permettre d'obtenir un refinancement en diluant l'avoir des actionnaires actuels. La technique est la suivante: vous réduisez d'abord le nombre d'actions en faisant par exemple une consolidation d'actions de une action pour dix. Ainsi, s'il y avait cent millions d'actions en circulation qui se transigeaient à $1, le lendemain de la consolidation, il n'y en aura plus que dix millions qui devaient valoir en théorie $10 chacune. Cela rendra le titre plus attrayant pour des investisseurs institutionnels ou de nouveaux créanciers. De plus, cela pourra permettre à l'entreprise d'éviter de devenir un penny stock et de risquer l'expulsion des bourses comme le Nasdaq ou le NYSE. Si ce n'était que ça, l'actionnaire ne serait pas pénalisé, puisque la valeur de ses actions, bien que moins nombreuses, serait la même au total, tout en permettant aux actions de l'entreprise d'être plus stables.

Le hic, c'est que ces reverse splits sont la plupart du temps la première étape d'un refinancement qui passera par l'émission massive de nouvelles actions à prix moindre pour des investisseurs institutionnels ou des créanciers, émission souvent assortie de warrants leur permettant d'acquérir éventuellement des actions additionnelles à prix alléchant, si le cours de l'action en venait un jour à monter. En bout de ligne, les actionnaires initiaux subissent une importante dilution de leur part dans la propriété de l'entreprise. 

Certaines entreprises font ce petit numéro régulièrement, mais une mérite certainement le titre de reine incontestée des reverse splits: Diana Containerships (DCIX-Nasdaq). Cette entreprise grecque (en partant, c'est un drapeau rouge, les entreprises grecques sont à éviter comme la peste, elles sont à l'image des finances du pays), en a réalisé pas moins de six depuis avril 2017Les ratios étaient les suivants: 1:8, 1:7, 1:6, 1:7, 1:3 et 1:7. Si au départ un investisseur avait possédé 49,392 actions, après la première consolidation, il n'en avait plus que 6,174, après la seconde, il lui en restait 882, puis que 147, puis 21, puis 7... et après le dernier reverse split, il lui restait une seule action entre les mains! C'est un peu comme la puissance des intérêts composés, mais inversée... Et comme l'action vaut actuellement $1.60, il n'y a pas de quoi se payer un souvlaki...

Si l'entreprise était honnête, on pourrait évaluer la valeur aux livres de cette entreprise à $22 l'action, puisqu'il n'y aurait plus, selon le dernier rapport trimestriel et suite à la dernière consolidation,  qu'environ 6 millions d'actions en circulation et que l'avoir des actionnaires est évalué à 134 millions USD. Mais l'entreprise n'avait plus à la fin mars que 5 millions de liquidité... Y aurait-il sur la mer agitée, un autre consolidation/refinancement à l'horizon...          

5 commentaires:

Condor a dit…

J’ai consulté les derniers E/F au 31/12/2017. L’entreprise n’a même pas de dette à long terme! Toutes ses dettes sont des passifs à court terme! (fond de roulement très déficitaire). La seule valeur de ses actifs au bilan sont ses navires (évalué à $201.3 millions). Selon une note aux E/F, la Cie semble être en mode « vente » de sa flotte de navire en pièces détachés (c’est-à-dire vente de ses navires un à la fois plutôt que la flotte entière).
En octobre 2017, la Société a conclu une entente visant la vente de 7 de ses navires à une partie non liée. Étant donné que la vente des navires était conditionnelle à l'obtention d'un financement minimum par l'acheteur, en vertu de diverses modifications apportées à l'entente initiale, l'opération concluait que seulement deux des navires de la Société seraient vendus au prix d'achat de $11 millions chacun.
Ses revenus ont fondu comme neige au soleil en 2016 et 2017 (surprise… léger soubresaut à la hausse au 1er trimestre 2018). Je ne pense pas qu’il y ait d’autres financement. D’un côté, la Cie laisse à penser qu’elle est en mode liquidation de ses navires. D’un autre côté, si c’était le cas, pourquoi avoir fait tant de reverse split ??? Serait-ce simplement pour rester inscrit au Nasdaq le temps de liquider ce qui lui reste?
La vente de seulement 2 navires en 10/2017 sur les 7 prévus me laisse perplexe. La valeur réelle des navires est-elle vraiment ce qui est inscrit au bilan ou bien cette valeur pourrait être bien moindre que celle indiqué? Bref, toutes es interrogations se résument à ceci : On ne touche pas à ce titre, financement ou pas.

Québec Bourse a dit…

Comme toujours, tu fais de très bonnes analyses Condor et plus poussées que les miennes, tes connaissances financières sont plus avancées que les miennes. Je vais faire un aveu, j'ai acheté des actions de cette compagnie suite au dernier rapport trimestriel, une crampe au cerveau comme on dit, je le regrettais dès le lendemain. Ce n'est qu'après que j'ai réalisé le nombre incroyable de reverse splits et je m'en voulais encore plus d'avoir investi sans avoir fait mes devoirs. Je suis d'accord avec ta conclusion, il y a des milliers de compagnies sérieuses qui offrent de réelles opportunités d'investissement, pourquoi investir dans une "patente" semblable! Comme ils disent en anglais: "Don't throw good money after bad companies!".

Anonyme a dit…

Tiens une question qui n'a pas rapport avec l'article; souvent il est mentionné qu'une hausse des taux d'intérêt est néfaste pour les utilitaires et plusieurs autres secteurs mais y a-t-il à l'opposé des secteurs qui en bénéficies. Les banques dans une certaines mesure je crois ? mais encore........

Pibo

Québec Bourse a dit…

Les compagnies d'assurance sont sensées profiter d'une telle hausse également puisqu'elles prennent l’argent des assurés, le placent et le retournent aux assurés par la suite. La hausse des taux d’intérêt leur permettra d'obtenir de meilleurs rendements sur la gestion de ces contributions des assurés. Cependant, si le rendement du marché boursier diminue, cela peut venir annuler l'effet de la hausse des taux, puisqu'une bonne partie des sommes que les compagnies d'assurance gèrent le sont en actions. C'est ma compréhension. Est-ce que cela se tient?

Anonyme a dit…

Oui c'est vrai les compagnies d'assurance sont moins affectées puisqu'elles se doivent de posséder une partie des sommes des épargnants dans des véhicules sécuritaires qui verront leurs taux augmentés.

Merci !

Pibo