jeudi 28 septembre 2017

Bombardier: un mal pour un bien?

Suite à la nouvelle de l'imposition de droits compensatoires exorbitants par le département du commerce américain à Bombardier, pour la vente de ses avions de la Série C à Delta, j'ai craint comme actionnaire de voir la compagnie en péril et le titre connaître une très forte baisse. Et puis, avec un recul de 48 heures, ces craintes se sont pour l'instant dissipées dans mon esprit. 

La commande de Delta n'était pas encore en production et certains affirmaient que Bombardier allait tirer un très faible profit sur cette commande, l'avionneur l'ayant offert à rabais parce qu'étant désireuse de créer un précédent sur le marché américain. Le temps que les tribunaux du commerce fassent tomber cette interprétation abusive de l'aide gouvernementale qu'à reçue Bombardier, les ventes aux États-Unis seront effectivement bloquées pour le court terme. Par contre, cet acharnement de Boeing et de l'administration américaine à bloquer les modèles de la Série C vient confirmer en quelque sorte leur supériorité technique et leur potentiel de domination dans cette strate du marché (110-135 places). 

Cette attaque frontale des américains devient une énorme publicité pour les deux modèles de la Série C auprès des transporteurs aériens ailleurs dans le monde (Europe et Asie en particulier). Je ne serais pas surpris que le carnet de commandes se remplisse au cours des prochains mois de plusieurs  nouvelles commandes additionnelles. Je vois même d'autres compagnies aériennes américaines (comme Jet Blue l'a déjà fait) se ranger du côté de Bombardier pour avoir accès à ces deux modèles techniquement supérieurs et économiquement plus rentables que ceux qui leur sont présentement offerts sur le marché.

Le titre de Bombardier continue d'être fragile et je n'affirme pas ici qu'il est une aubaine, mais pour ma part, je garde mes actions et je continue à croire à un éventuel retournement de situation.      

mardi 26 septembre 2017

Lorsqu'une fusée monte, il doit bien y avoir un carburant qui la propulse...

Parfois le cours des actions d’une compagnie se met à monter de façon constante, même si l’on ne retrouve aucune nouvelle particulière ou cause apparente qui pourrait justifier pareil mouvement haussier. On a beau regarder les derniers résultats trimestriels sous tous les angles, on ne voit pas là ce qui justifie l'enthousiasme soudain des acheteurs. Vendre alors ses actions spontanément, sans avoir d'abord trouvé la nature du carburant qui propulse soudainement le titre vers le haut, en se disant qu’il faut profiter de cette montée avant que le cours ne redescende, équivaut à prendre ceux qui achètent au même moment pour de parfaits idiots. Personne n’achète sans raison, il y a toujours un motif qui justifie la décision : ce n’est pas parce que vous ne voyez pas ce motif, qu’il n’existe pas. 

Il faut attendre d'avoir trouvé la nature du carburant qui propulse le titre avant de prendre la décision de vendre ou pas. Soyez patient, en fouillant les sites boursiers ou en faisant des recherches via Google (onglet "actualités"), vous finirez bien par trouver la motivation de ces acheteurs. Vous pourrez alors décider en toute connaissance de cause si ce motif qui expliquait ces achats et cette montée était justifié ou pas, et alors décider s'il y a lieu ou pas de vendre vos actions ou d'alléger votre position. Vendre à l’aveuglette est un jeu dangereux, croyez-moi, j’ai commis cette faute trop souvent. Il faut avoir tous les faits sous les yeux avant de prendre la décision de vendre un titre haussier. S'il y a des acheteurs, il y a un motif quelque part, il faut le trouver avant de décider quoi que ce soit. 

mardi 19 septembre 2017

Citations de l'Oracle d'Omaha: Warren Buffett

« Je veux pouvoir expliquer mes erreurs. C'est pourquoi je ne fais que des choses que je comprends. »
« Quand on est dans un trou, la pire chose à faire est de continuer de creuser.»
« Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. »
« Notre but est de découvrir des compagnies extraordinaires à des prix ordinaires et non des compagnies ordinaires à des prix extraordinaires. »
« Quand un dirigeant avec une réputation d'excellence s'attaque à une entreprise avec une réputation de médiocrité, c'est la réputation de l'entreprise qui demeure intacte. »
« Vous n'avez pas raison parce que d'autres sont d'accord avec vous. Vous avez raison parce que vos faits sont exacts et que votre raisonnement est juste. »

"Les prévisions vous en disent beaucoup sur ceux qui les font, elle ne vous disent rien sur l'avenir."
« Ne demandez jamais à un barbier si vous avez besoin d’une coupe de cheveux. »
« Mieux vaut avoir approximativement raison qu'avoir précisément tort. »
« C'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui se baignent nus. »
« Dans le monde des affaires, malheureusement le miroir arrière est toujours plus clair que le pare-brise. »

"La plupart des gens s’intéressent aux actions quand tout le monde s’y intéresse. Le moment d’acheter est quand personne ne veut acheter. Vous ne pouvez acheter ce qui est populaire."
« Si jamais vous vous retrouvez dans un bateau qui coule, l'énergie pour changer de bateau est plus productive que l'énergie pour colmater les trous. »
"Un sondage n'est pas un substitut à la réflexion"

Et quelques unes en anglais:

"In the short run, the market is a voting machine. In the long run, it's a weighing machine."
"Be fearful when others are greedy. Be greedy when others are fearful."
"Price is what you pay. Value is what you get."
"Risk comes from not knowing what you're doing."
"Wide diversification is only required when investors do not understand what they are doing."
"[On the dot-com bubble:] What we learn from history is that people don’t learn from history."
"The best business returns are usually achieved by companies that are doing something quite similar today to what they were doing five or ten years ago."
"Diversification may preserve wealth, but concentration builds wealth."
"Invest within your circle of competence, It's not how big the circle is that counts, it's how well you define the parameters"

En terminant, une dernière citation de Buffett qui témoigne de son sens de l'humour incomparable, dans les années 1950, il a investi 100 $ dans un cours d'expression orale chez Dale Carnegie, il résume ainsi l'objectif visé : "Ce n'était pas pour empêcher mes genoux de claquer quand je parle en public, mais pour apprendre à parler même si mes genoux claquent".

mercredi 13 septembre 2017

Exco Technologies: de très beaux chiffres

Exco Technologies (XTC-TSX) fabrique des moules, des matrices et différentes composantes  (ex. finition intérieure) destinées principalement aux grands fabricants d'automobiles. Pour plus de détails sur le type de production, voir le site web de l'entreprise: www.excocorp.com

Si l'on ne s'arrête qu'aux chiffres comptables de Exco Technologies, on peut se demander pourquoi le titre a perdu presque la moitié de sa valeur depuis deux ans (cours actuel de $9.50)? Certes, les résultats du dernier trimestre ont quelque peu déçus: baisse des ventes de près de 10% en comparaison du même trimestre de l'année précédente et baisse du bénéfice par action de $0.38 à $0.26. Le fait que plusieurs analystes avancent que l'industrie automobile entre dans la partie baissière de son cycle et que Exco Technologies fait principalement affaires avec ses donneurs d'ordre, peut expliquer le pessimisme à court terme qu'ils ont à son endroit. Mais au delà de la conjoncture sectorielle, la valeur de cette entreprise m'apparaît sous-estimée par les investisseurs. Voici quelques chiffres qui parlent par eux-mêmes:

Cours/valeur comptable: 1,3
Cours/bénéfices des douze derniers mois: 9,1
Cours/bénéfices prévus pour la prochaine année: 7,9
Croissance annuelle moyenne des revenus nets des trois dernières années: 26,3%
Cours/vente des douze derniers mois: 0,7
Marge nette: 7,4%
Dettes/capitaux propres: 0,1
Rendement du dividende: 3,1%

J'aime, en particulier, la situation financière de cette entreprise (pratiquement pas de dettes) et la croissance constante de ses revenus depuis 2009. Est-ce que je sous-estime l'impact de la conjoncture à venir dans l'industrie automobile sur les résultats de l'entreprise? Possible. À vous de juger.


jeudi 7 septembre 2017

Que penser des compagnies qui ne paient jamais de dividendes?

Je peux comprendre qu'une compagnie durant ses premières années consacre l'entièreté des liquidités qu'elle génère à investir dans sa croissance, en faisant l'acquisition de matériel, d'usines ou encore de concurrents, qu'elle investisse en recherche et développement, qu'elle cherche à développer de nouveaux marchés... Je peux également comprendre qu'une compagnie en difficulté financière est plus sage de ne pas verser un dividende qui la mettrait à risque. Mais dans les autres cas, je me pose des questions.

Une fois qu'une compagnie est établie, que sa situation financière est stabilisée et qu'elle génère des profits, n'est-il pas logique qu'elle partage une partie de ces profits, par l'intermédiaire d'un dividende trimestriel, avec les actionnaires qui ont pris le risque de miser sur elle? Pourquoi certaines compagnies ne le font pas rendues à ce stade de développement, ne laissant aux actionnaires que l'alternative de vendre leurs actions pour toucher une part de bénéfices? Sur le marché canadien, des compagnies comme CGI Group (GIB.A), Celestica (CLS) ou Canfor Corporation (CFP), sont des exemples de compagnies qui n'offrent aucun dividende, malgré une très bonne situation financière. Sur le marché américain, on peut citer les compagnies suivantes: Facebook (FB), TripAdvisor (TRIP) ou Autodesk (ADSK).

Vous me direz que Berkshire Hathaway (BRK.A ou BRK.B) est le parfait exemple d'une compagnie qui n'a jamais payé de dividendes et qui a pourtant permis à ses actionnaires de faire d'énormes profits. Oui, mais des Warren Buffett il en vient un par cent ans, et oui, c'était une bonne idée de lui laisser le soin de réinvestir les profits, plutôt que de les retourner directement aux actionnaires. Mais Berkshire Hathaway est un cas unique et je demeure réticent à investir dans des compagnies qui ne laisse pas au trois mois, une partie de la récolte aux actionnaires pour qu'ils puissent en jouir à leur guise...

Le dividende m'apparaît particulièrement important pour les compagnies minières, s'il est inexistant ou très maigre, cela ne fait aucun sens: ce n'est pas quand la mine sera complètement vidée qu'il sera temps de récompenser ceux qui ont investit dans son exploration et son exploitation. Les compagnies aurifères sont un exemple, la plupart ne paient pas de dividendes ou seulement un dividende maigrichon, devenant des titres purement spéculatifs ou pour investisseur naïfs. 

mardi 5 septembre 2017

La tempête Kim Jong-Un

Des journées comme aujourd'hui où les marchés sont traversés par une tempête, dans ce cas-ci, une tempête que l'on pourrait nommer Kim Jong-Un, et bien, ces journées peuvent vous en dire long sur l'état de santé des titres que vous avez dans votre portefeuille. Il s'agit d'abord d'identifier les secteurs qui sont les plus durement affectés par la tempête, qui subissent les plus fortes baisses, et si vous avez un titre appartenant à un des ces secteurs qui se tient debout et même progresse face à ces vents contraires violents, c'est très bon signe pour les prochains jours quand la tempête se sera calmée. Ce n'est rien de scientifique, du simple gros bon sens boursier.

Pour avoir une vision de la performance quotidienne et sur plusieurs jours des secteurs et industries, le site suivant du groupe Fidelity peut vous être utile:

Fidelity Sectors and industries overview

Acheter une énorme dette est rarement un investissement rentable!

Lorsqu’on veut déterminer la valeur d’une action, il ne faut pas s’arrêter uniquement au ratio cours/bénéfices ou à sa marge de profit, mais regarder également le bilan financier, et le regarder en premier. Lorsqu’on achète les actions d'une entreprise, on achète également ses dettes. Une dette récente avec échéanciers de paiement éloignés, contractée pour faire une acquisition ou pour faire fructifier les actifs de l'entreprise, peut avoir un effet de levier bénéfique, mais une vieille dette qu’une entreprise traîne comme un boulet, la rend très vulnérable à l’état du marché de l’emprunt et peut devenir fatale.

À mes débuts comme investisseur, j’ai acheté des actions de Delphi, un important fabricant de pièces d'automobiles. Le ratio cours/vente était très bas, à un point tel que je me disais qu’avec une marge nette de 2%, cette compagnie serait amplement rentable. Je ne m’étais pas suffisamment attardé à la dette qui était énorme et que Delphi, qui était un spin-off de General Motors, avait héritée de sa compagnie-mère. Quand l’industrie automobile a ralentie fortement en 2005, Delphi s’est rapidement retrouvée face à une crise de liquidité, ne pouvant respecter ses obligations envers ses créanciers : elle a dû se réfugier sous la protection de la Loi contre les faillites (Chapitre 11). Lors de la réorganisation du capital qui a suivi, la valeur des actions ordinaires s'est pratiquement désintégrée... C’était ça, « acheter une dette » et non investir, je l’ai appris à mes dépens.

Actuellement, les coûts d'emprunt demeurent encore très bas si on les compare à leurs moyennes historiques, mais un redressement des taux d'intérêt pourrait s'avérer funeste pour des compagnies lourdement endettées qui vivent sur du temps emprunté. Le ratio dette long terme/capitaux propres est bien sûr à prendre en compte, mais ce ratio peut être trompeur selon l'industrie, il faut donc regarder la moyenne de l'industrie pour avoir une meilleure idée. Il faut s'attarder à analyser les caractéristiques de la dette, en particulier, l'ampleur des paiements à venir et les échéanciers de ces paiements. Est-ce que l'entreprise génère suffisamment de liquidités (free cash flow) pour répondre à ses obligations d'emprunt? A-t-elle accès à une marge d'emprunt bancaire suffisante? Si on ne veut pas se réveiller avec de mauvaises surprises, il est essentiel d'approfondir cet aspect de la question avant de faire tout investissement.