samedi 30 janvier 2021

Achat de la semaine: RAYTHEON TECHNOLOGIES

Je me suis laissé tenter par un achat cette semaine: Raytheon Technologies (RTX-NYSE, $66.49 USD). Cette entreprise, née de la fusion en avril 2020 de Raytheon et de la composante aéronautique de United Technologies (Pratt & Whitney), selon moi, n'est pas évaluée à sa juste valeur à cause de la période difficile que le secteur aérospatial traverse avec la pandémie de la Covid-19. Raytheon Technologies a présenté ses résultats trimestriels cette semaine et malgré ce contexte difficile, l'entreprise ne s'en tire pas mal. Voir l'article suivant:

https://ca.finance.yahoo.com/news/raytheon-technologies-rtx-beats-q4-152003212.html

Ce que j'aime de ce titre:

  • Ratio prix/valeur aux livres de 1.4, ce qui est très bas pour une entreprise de haute technologie.
  • Avant la pandémie, croissance régulière des revenus depuis 2015.
  • Avant la pandémie, marge bénéficiaire nette stable depuis une décennie, malgré le caractère cyclique du secteur (entre 7 et 9%).
  • Diversité de ses composantes entre aéronautique commerciale, défense et missiles et industrie spatiale.
  • Ajout de la division Pratt&Whitney qui est associée à deux modèles qui normalement, devraient être en demande lors de la reprise après la pandémie (Airbus A320 et le A220, l'ancienne série C de Bombardier)
  • Offre de services récurrents (entretien) dans ses deux divisions reliées à l'aéronautique (Collins Aerospace et P&W), ce qui diminue l'impact de baisses périodiques dans l'achat de matériel neuf par les compagnies aériennes.
  • L'entreprise pourrait, suite à la réorganisation entrainée par la fusion avec P&W et les mises à pied attribuables à la Covid-19, augmenter son efficacité de production et réduire ses coûts.
  • Croissance annuelle constante du dividende jusqu'à la pandémie et malgré la baisse que cette dernière a entrainée, il est actuellement de 3,2%.

Ce que j'aime moins:

Les compagnies aériennes pourraient mettre des années à se remettre du carnage économique causé par le COVID-19, et cette pandémie pourrait entraîner un changement de comportement des consommateurs (pour les voyages d'affaires en particulier qui diminueraient, suite à l'utilisation croissante de téléconférences en ligne), ce qui serait défavorable à l'industrie du transport aérien et diminuerait sa demande pour de nouveaux appareils.

Conclusion:

Si vous êtes tenté d'investir dans cette entreprise, vous devez être conscient de l'impact à court terme de la pandémie (quand se fera la reprise dans le transport aérien et à quel rythme?) et y aura-t-il un impact définitif sur les voyages d'affaires. Vous pouvez donc rester sur les lignes de côté et attendre que la situation se clarifie si vous êtes un investisseur conservateur. Le risque est que le cours augmentera d'ici là, si la reprise vient et que la demande reprend progressivement. J'ai pris le pari que dans les prochains mois, la vaccination progressive des populations permettra cette reprise progressive du transport aérien et que l'impact sur les voyages d'affaires, bien que réelle, sera éventuellement atténué par la croissance mondiale dans les voyages touristiques. 

Site web de l'entreprise: www.rtx.com

lundi 25 janvier 2021

AMD versus Intel: croire les chiffres comptables ou la croissance anticipée?

De loin, la pire transaction de ma carrière d'investisseur fut de vendre en juillet 2015, 300 actions que je possédais de la compagnie de semi-conducteurs AMD à $2.10 l'unité. Les actions d'AMD se transigent actuellement à $94,15. Les mêmes actions dont la vente m'a rapporté un maigre $630 USD ($788.37 CAD), valent aujourd'hui $28,245 USD ou $36,015 canadiens! J'aurais donc $35,226.83 de plus dans mon portefeuille boursier, si je m'étais abstenu de faire cette vente. Ouch!

"Quand tu perds, ne perds pas la leçon" avait dit Warren Buffett. Quelle est la leçon que je peux tirer de cette catastrophique transaction? C'est que les chiffres comptables ne veulent pas tout dire, ils ne sont qu'une partie de l'équation, ils peuvent même être trompeurs et vous amener à faire une mauvaise transaction. Car c'est sur la base des chiffres comptables que j'ai vendu mes actions d'AMD. L'entreprise trainait une lourde dette (le ratio dette/capitaux était de 10.9! en 2014), elle avait des marges de profits négatives depuis trois ans, ses revenus chutaient d'année en année depuis 2011 et en prime, elle ne payait bien sûr aucun dividende! En 2015, la valeur aux livres d'AMD était négative, une fois soustrait les passifs aux actifs de l'entreprise, les capitaux propres (équité) étaient négatifs! Cette compagnie m'apparaissait donc être un bateau à la dérive qui allait s'échouer tôt ou tard... 

En face, il y avait Intel avec des états comptables impeccables. Intel (INTC, $55.44) avait entre 2010 et 2015 des marges de profits nettes supérieures à 20%, année après année; ses revenus se maintenaient malgré une période difficile pour les semi-conducteurs; elle n'avait pratiquement pas de dettes (le ratio dette/capitaux était de 0.2 en 2014!); sa valeur aux livres était de 2.9 x son cours, ce qui était raisonnable pour une compagnie techno; elle payait en plus un dividende décent.

Sur la base des livres comptables, la décision semblait évidente: vous aviez le choix entre un premier de classe et ce qui semblait être un cancre à l'avenir plus qu'incertain. Depuis 2015, l'action de AMD est donc passée de $2.10 à $94.15, alors que celle d'Intel n'a que médiocrement progressée de $35 à $55 en plus de cinq ans, et ce, dans un marché pourtant particulièrement favorable aux entreprises de ce secteur (outre la montée d'AMD, on doit mentionner celle de Nvidia (NVDA-Nasdaq) qui est passée de $20 l'action en 2015 à $544 en date d'aujourd'hui!). Que s'est-il passé? Ce qui m'échappait au delà des livres comptables, c'était la technologie et la position de ces entreprises dans les créneaux les plus prometteurs (semi-conducteurs destinés à l'automatisation industrielle, aux serveurs, aux jeux vidéos...), un positionnement favorable dans ces créneaux étant vu par les marchés comme garant éventuellement d'une forte croissance des revenus. Intel pour sa part dominait un créneau moins prometteur, un peu stagnant, celui des ordinateurs personnels (PC). 

Aujourd'hui, je regarde les chiffres comptables d'AMD et ceux d'Intel et ces derniers m'apparaissent toujours nettement plus intéressants, malgré des derniers trimestres peu reluisants pour Intel, ses marges de profits demeurent nettement supérieures à celles d'AMD. De plus, AMD se transige à 29 fois sa valeur aux livres, Intel à 2.9, soit 10 fois moins!

Payer un prix démesuré pour une croissance anticipée, peut être aussi trompeur que de ne pas tenir compte de la croissance dans l'équation, mais uniquement des performances comptables passées. Intel, vient de changer de P.D.G., parviendra-il à repositionner l'entreprise dans les créneaux les plus prometteurs de croissance? Difficile pour moi de répondre... Mais si je me risquais dans ce secteur où l'évolution technologique est dure à suivre pour un simple investisseur, je serais tenté aujourd'hui de miser sur Intel et non sur AMD ou Nvedia dont les valeurs boursières ne font plus de sens selon moi.

Vous me direz que je n'ai pas appris ma leçon, je crois que oui, je sais aujourd'hui qu'il faut tenir compte de la croissance et non seulement de la valeur comptable, mais tomber dans le piège d'une surévaluation de cette croissance aux dépens de la réalité comptable, ne m'apparaît pas mieux et constitue également une trappe à éviter pour l'investisseur.

vendredi 22 janvier 2021

Les marchés vont s'ennuyer de Donald Trump

Donald Trump avait fait baisser la taxe sur les profits des entreprises de façon importante, la faisant passer de 35% à 21%. Cette mesure était tout à fait pertinente, les actionnaires sont déjà taxés sur leurs dividendes et leurs gains de capitaux, pourquoi en rajouter une deuxième fois en enlevant en plus 35% de leurs profits à la source, via ceux des entreprises dont ils sont propriétaires? En réduisant l'impact de cet acharnement fiscal, l'administration Trump avait injecté un fort stimulant dans l'économie qui s'était traduit par la chute du taux de chômage à un bas niveau (3%) jamais atteint depuis plus de cinquante ans. Cela avait contribué à faire augmenter les salaires des travailleurs de façon importante, là aussi un record! La bourse avait également largement profité de cette mesure de gros bon sens capitaliste. Puis est venu le virus chinois qui a dynamité cette progression et amené l'élection de Joe Biden.

Les démocrates vont augmenter rapidement la taxe sur les profits des entreprises, la ramenant au minimum à 28%, sinon à 35% comme le veulent les plus radicaux du parti. Les marchés ne semblaient pas réaliser jusqu'à présent l'impact négatif qu'aura cette mesure qui va provoquer un ralentissement économique une fois passé les mesures de stimulus budgétaires pour contrer le Covid 19. Je crains une chute de la valeur des actions dans un an, après une période d'embellie en 2021 avec le retour progressif à la normale suite à la vaccination de la population. Je garde mes actions pour cette année, mais 2022 risque d'être une année de ralentissement économique, puis de récession, il faudra alors être prêt à réduire la part des actions dans notre portefeuille d'investissements. 

lundi 18 janvier 2021

EXCO TECHNOLOGIES: D'un point de vue comptable, ce titre semble sous-estimé

Exco Technologies Ltd (XTC-TSX $9.38) est un concepteur, développeur et fabricant de matrices, de moules, de composants et d'assemblages et d'équipements consommables pour les industries du moulage sous pression, de l'extrusion et de l'automobile. La société présente ses rapports dans deux segments d'activité, à savoir le segment du moulage sous pression et de l'extrusion (die cast and extrusion) et celui des solutions automobiles.

Comment expliquer le peu d'intérêt des investisseurs pour le titre d'Exco Technologies? Certes, depuis le creux boursier du mois de mars suite à l'apparition du Covid-19, comme beaucoup d'autres, il a effectué une solide remontée, passant de $4.75 à $9.42 (18.01.2021). Il semble cependant déjà s'essouffler et est encore loin de son sommet de $18 atteint en 2015.

Pourtant, si on regarde ses livres comptables, cette compagnie apparait être en très bonne santé financière, elle n'a pratiquement aucune dette à long terme. Malgré cet état financier impeccable, Exco Technologies se transige en bourse pas très loin de sa valeur aux livres ($8.27). Autre donnée à ne pas négliger, l'entreprise génère d'importants flux de distribution disponibles (free cash flow) qui pourraient lui permettre de faire une acquisition si une occasion intéressante se présentait. De plus, elle paye un généreux dividende de 4%, dividende qu'elle augmente d'environ 5% d'année en année.

Mon explication c'est qu'on identifie cette entreprise à l'industrie des pièces d'automobiles, puisque la majorité de ses produits sont destinées aux grands fabricants automobiles et que ce secteur étant cyclique, on lui accorde de plus bas multiples (Cours/Profits, Cours/Flux de distribution, Dette long terme/avoir des actionnaires). On est persuadé également que ce type de fournisseurs de pièces automobiles n'a pas le gros bout du bâton face aux grands fabricants et que cela ne leur permet pas d'imposer leurs prix.  

Bien qu'étant conscient que cette entreprise sera toujours sous-évaluée à cause de son appartenance sectorielle, je crois que sa situation financière impeccable, sa présence sur plusieurs continents et ses liens établis depuis des années avec plusieurs grands fabricants justifient un cours supérieur à celui qui est le sien actuellement. Le marché finira bien par reconnaître l'écart entre la valeur réelle et le cours du titre et le ramener vers les $12. Si le titre recule sous les $9 dans les prochains jours, je n'hésiterai pas à ajouter à ma position actuelle.

Site web de l'entreprise: www.excocorp.com