mercredi 31 décembre 2008

Garda World: le p.d.g. fait le plein à bon marché

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J'ai parlé à plusieurs reprises de Garda World (GW-TSX) sur ce blog, cette entreprise du domaine de la sécurité (agence de sécurité, transport de valeurs, enquêtes, vérifications pré emploi, sécurité physique) qui s'est fait remarquer au cours des dernières années par ses nombreuses acquisitions qui ont fait gonfler dangereusement son niveau d'endettement.

Suite à un rapport trimestriel décevant, le titre de Garda World a atteint un creux dans les $0.60 l'action pendant quelques jours avant Noël. Stéphan Crétier, son p.d.g., en a profité pour faire le plein (achat de 1 134 000 actions de catégorie «A» pour un montant total de $690,888). Imaginez la "passe" qu'il vient de faire si l'entreprise survit, un de mes lecteurs (Marc) affirmait dans un commentaire: "Je vous rappelle que Crétier avait vendu personnellement 1 million d'actions à 25$ via Griffith il y a deux ans". Je n'ai pu vérifier cette information, mais si c'est le cas, son achat de la semaine dernière ne lui a vraiment pas coûté cher...

De deux choses l'une: soit que les simples actionnaires peuvent être rassurés par cet achat massif du p.d.g. qui est bien placé pour connaître l'état de santé de son entreprise, soit qu'ils doivent craindre que Crétier se prépare à faire une tentative de privatisation à prix dérisoire sur le dos de ces simples actionnaires qui ont pour la plupart, payé leurs actions beaucoup plus chers (je vous rappelle que le titre se transigeait dans les $20 il y a à peine une quinzaine de mois). Soit encore, que M. Crétier est honnête dans ses intentions mais qu'il sous-estime le poids de la dette de Garda World et que son optimisme ne sera pas justifié par la suite des choses. A vous de juger.

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mardi 30 décembre 2008

À la bourse: jouer les docteurs n'est pas toujours évident...

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Il en va un peu des entreprises comme des êtres humains: l'état de santé d'une entreprise peut être temporairement affecté par une maladie guérissable, dont elle se remettra, pour se relever et revenir parfois plus forte. Pour une autre entreprise, la maladie sera dégénérative et la mènera tôt ou tard à sa fin. C'est la différence entre un placement de type "retournement" et un placement de type "enterrement". L'investisseur attiré par les entreprises éclopées, à cause du coût fortement à la baisse de leurs actions, est un peu comme un médecin qui doit mesurer l'état du malade: l'entreprise a-t-elle les capacités pour s'en remettre ou est-il trop tard pour empêcher l'inévitable: la dilution par le refinancement, le chapitre 11 ou pire, la faillite?

Un des premiers investissements boursiers que j'ai fait, fut d'acheter des actions de la compagnie Corning (GLW-NYSE) à la fin 2002, à $2,00 l'action. Corning avait vu la valeur de son action atteindre $113.33 le 29 août 2000, portée par un délire collectif au sujet de la fibre optique: elle était le premier fabricant au monde de ce conduit révolutionnaire. Malgré les caractéristiques remarquables de la dite fibre, son utilisation et ses ventes éventuelles avaient tout de même des limites et ne justifiaient en rien un pareil prix pour l'action de Corning.

Lorsque la bulle technologique éclata et qu'apparut la glaciale réalité, l'action redescendit à un rythme spectaculaire pour atteindre $1,10 le 8 octobre 2002, à peine un peu plus de deux ans après son sommet de $113.33. La situation financière de Corning était durement éprouvée par la chute de la demande et des prix pour la fibre optique et pour les équipements photoniques qu'elle fabriquait également. De "darling" de Wall Street, elle devint une brebis galeuse rejetée en masse par les investisseurs.

Mr Market, comme vous le savez, est un maniaco-dépressif. Capable de la pire surestimation optimiste, comme de la pire sous-estimation pessimiste. Remarquez que pour plusieurs entreprises technologiques qui avaient atteint des sommets intersidéraux en 2000 pour s'écraser brutalement sur le plancher des vaches en 24 mois, la descente était justifiée, bon nombre ne faisaient que rejoindre leur valeur réelle.

Dans le cas de Corning c'était différent, malgré ses déboires, elle conservait des atouts réels: l'entreprise existait depuis près de 150 ans et ses laboratoires qui avaient amené sur le marché une multitude de produits avant la fibre optique, étaient toujours là, à oeuvrer à la recherche de nouvelles innovations. Corning avait grandi en fabriquant de la vitre et c'est la vitre qui allait la relancer: ses laboratoires avaient en effet développé un procédé pour fabriquer des vitres ultra-minces. Ce produit allait ramener Corning à la santé. Les ventes de ce type de vitres, dans les années qui suivirent, ont littéralement explosées, avec l'arrivée des téléviseurs et des écrans d'ordinateurs à vitre plate et ultra-mince.

J'ai vendu mes actions près de $18 l'unité à l'automne 2005, trouvant, malgré l'affection que je portais à l'entreprise, que son ratio prix/bénéfices par action de X 30 dépassait les bornes du raisonnable. L'action de Corning continua cependant sa poussée pour rejoindre presque les $30 au printemps 2006. Après cette montée spectaculaire, le titre est redescendu progressivement depuis, il a terminé la journée d'aujourd'hui à $9.01.

À l'automne 2002, Corning n'était donc pas une entreprise moribonde, elle avait en elle des ressources et des actifs réels: d'abord ses remarquables laboratoires, puis un c.e.o. de grande qualité (James R. Houghton) que l'on avait fait revenir de sa retraite, des usines capables de haute technologie, un réseau de clients de longue date dans les milieux industriels, scientifiques et universitaires... Ce n’était pas une coquille quasiment vide comme l'étaient plusieurs entreprises technos à la mode au début de la décennie.

Je n'étais donc pas peu fier d'avoir repéré ce "malade" que plusieurs croyaient agonisant et qui revint à la vie de si brillante façon. Malheureusement pour moi, ce placement judicieux m'avait un peu monté à la tête: j'étais dorénavant persuadé que le moyen de faire de l'argent à la bourse se résumait à parcourir les couloirs de la section des "grands éclopés" à la recherche d'autres candidats à une résurrection spectaculaire.

Une entreprise voyait le cours de son action chuter de 30% en un jour, suite à une nouvelle désastreuse, je me précipitais à son chevet pour l’ausculter superficiellement et parier rapidement sur sa guérison, sans même avoir investigué à fond les causes de la maladie qui l’affligeait, ni attendu des signes qui auraient pu me confirmer que la santé revenait pour cette entreprise sévèrement affaiblie. Enivré par mon succès initial, j'ai donc investi dans une multitude d'entreprises vraiment moribondes, des placements "enterrements" (Slater Steel, Friedman's, Tower Automotive, Movie Gallery…) et non de réels placements de type "retournements" et j'ai ainsi fait disparaître les gains que m’avait apportés Corning.

Aujourd'hui, je me méfie de l'aile des grands éclopées à l'hôpital de la bourse, je parcours ses couloirs avec plus de modération et de suspicion: plusieurs entreprises s'y retrouvent alitées pour de très bonnes raisons… Alors, comment différencier les actions moribondes, de celles qui pourraient revenir à la santé? J'ai deux ou trois idées que ces pénibles expériences m'ont apprises, j'y reviendrai dans une prochaine chronique.
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lundi 29 décembre 2008

Première erreur à éviter selon Pat Dorsey: Paniquer quand le marché est bas

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N.B. Ce texte est une libre traduction que j’ai faite d’un extrait du livre de Pat Dorsey : The five rules for successful stock investing. Éditions Morningstar, 2004. Livre que je vous recommande.

C’est le temps d’acheter des actions quand plus personne ne veut en acheter, pas quand votre coiffeur vante les mérites de la bourse et vous suggère d’investir dans certaines compagnies… Quand vous investissez, il est tentant de chercher l’approbation des autres ou de faire la même chose qu’eux. Mais l’histoire a démontré plusieurs fois, et de façon répétitive, que les actions sont vraiment le placement idéal quand tout le monde veut éviter ce type d’investissement. Pour reprendre les mots de Sir John Templeton : « Lorsque le pessimisme atteint son maximum, c’est le meilleur temps pour acheter ».

L’exemple le plus célèbre de ce fait, s’est produit lorsque le magazine Business Week a affiché une page couverture qui titrait en 1979 : « La mort de l’investissement boursier ». Quelques semaines plus tard, débutait un « bull market » qui allait durer dix-huit ans!

Un autre exemple plus récent, le 27 décembre 1999, quand la revue Barron’s sur sa page couverture affichait une photo de Warren Buffett et un titre interrogateur : "Qu'est-ce qui ne va pas Warren?". L’article soulignait l’incapacité de Buffett de s’adapter au nouveau « bull market », marché propulsé par les actions des compagnies technologiques. Au cours des trois années suivantes : le Nasdaq allait perdre 60% de sa valeur, pendant que Berkshire Hathaway, le holding dirigé par Buffett, augmentait de 40%!

Aller à contre courrant demande du courage, mais le courage paie toujours. Vous obtiendrez de meilleurs résultats comme investisseur si vous pensez par vous-même et recherchez des aubaines dans les coins du marché boursier que tous les autres ont délaissés, plutôt que d’acheter la « saveur du mois » des revues financières.
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dimanche 28 décembre 2008

Des entreprises qui étaient sensées rebondir en 2008...

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L'année 2008 aura été une année difficile pour les prévisionnistes et les analystes des marchés boursiers. La revue Barron's avait jusqu'à là, une excellente réputation: une entreprise qui était recommandée dans son édition du samedi, voyait habituellement son titre gagner quelques points de pourcentage dès l'ouverture des marchés le lundi matin. Le 7 janvier dernier, Barron's publiait un article qui identifiait douze entreprises qui, selon son auteur, étaient prêtes à rebondir en 2008, après de pauvres performances en 2007: Ready to Bounce: 12 Stocks for the Year Ahead. Ce qui arriva par la suite à ces prédictions, relève du désastre prévisionnel...

Le premier titre recommandé était American International Group, premier assureur mondial, mieux connu sous l'appellation: AIG (AIG-NYSE). Pour AIG qui se transigeait alors à $56.45, on mentionnait que l'entreprise possédait certes 25 milliards de prêts "subprimes", mais que la direction de l'entreprise insistait qu'ils n'étaient pas toxiques... En fait, ils l'étaient, toxiques, et pas à peu près: si bien que le gouvernement américain a dû injecter 150 milliards pour éviter que ce géant ne fasse faillite et entraîne avec lui de nombreuses autres victimes. Le titre a terminé la séance de vendredi à $1.57, une chute de son cours de 97% depuis sa recommandation par Barron's.

D'autres titres financiers, dans ce groupe de douze entreprises appelées à connaître une forte remontée en 2008, ont connu un sort similaire. Bear Stearns qui se transigeait alors à $83.83, a évité la faillite en étant rachetée en catastrophe par JP Morgan à $10 l'action, ce qui équivaut à une chute 88%. Legg Mason (LM-NYSE), une firme de gestion d'actifs, qu'on recommandait à $73.43, vaut $20 aujourd'hui. La Sun Trust Banks (STI-NYSE) qu'on trouvait bon marché et prometteuse à $60, est maintenant accessible pour un modeste $27.68.

Barron's avait également mal évalué le sort qui attendait les grands journaux face au ralentissement économique, la revue recommandait Gannett (GCI-NYSE), on soulignait que ses propriétés reliées à la télévision, valaient à elles seules $17. Les investisseurs n'ont apparemment pas acheté l'argument: le titre était alors à $36.50, vous pouvez maintenant vous le procurer pour $7.58! Du côté du secteur du commerce de détail, ce ne fut guère mieux: Starbucks (SBUX-Nasdaq) a chuté d'un autre 50% depuis sa recommandation qui s'appuyait sur une possible rationalisation de ses établissements américains.

En fait, les douze entreprises identifiées comme des titres qui devaient rebondir en 2008, ont toutes vu leur valeur boursière reculer davantage, huit d'entre elles ont connu des chutes de plus de 50%. L'investisseur qui aurait écouté Barron's et qui aurait investi $1,000 sur chacune d'entre elles, aurait vu la valeur de ce portefeuille de $12,000, fondre de mois en mois, pour atteindre 5,388$ aujourd'hui, un recul de 55%!

Je ne veux pas faire de l'acharnement sur cette revue de prestige en relatant ses prédictions. Tout le monde s'est gouré en 2008, même Warren Buffett! Personne n'a vu venir le tsunami boursier, moi le premier. Mon propos est de simplement souligner qu'il faut se méfier des prévisions et prédictions, à la bourse rien n'est garanti, c'est une science hautement inexacte. Celui qui est tenté de s'aventurer sur ce terrain aujourd'hui, doit d'abord se mettre ça en tête. Ceci dit, si on misait sur les onze titres toujours transigés (Bear Stearns n'existant plus comme entreprise publique) à leur prix actuel, qui sait quelle serait leur valeur dans deux ans, cela donnerait peut-être un excellent rendement. C'est ça la bourse...

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vendredi 26 décembre 2008

Investir dans les compagnies européennes via les ADR

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Comme investisseur, en général, j'ai davantage confiance dans les compagnies européennes que dans les compagnies américaines. Depuis une décennie, en effet, on constate un manque de respect grandissant à l'endroit de l'investisseur aux États-Unis, investisseur qui constitue pourtant la pierre d'assise du système boursier et financier.

Du fléau de la distribution éhontée de "stocks options" aux dirigeants et aux employés des compagnies technos, en passant par les scandaleuses rémunérations des p.d.g. et leurs "parachutes dorés", à la prolifération de conseils d'administration de lavettes qui se font complices des exactions des dirigeants, sans oublier les innombrables cas de fraudes boursières (ex. WorldCom, Tyco, Enron, HealthSouth Corp...) et la désastreuse bulle des subprimes dissimulée dans les PCAA, on observe une dégradation constante dans les valeurs et les moeurs du système financier et boursier américain.

Donc, lorsque je recherche des compagnies de niveau international, mon premier réflexe est de regarder les titres européens accessibles à la bourse de New York, par l'intermédiaire des ADR (American Depositary Receipts). Du côté des pays de la francophonie (France, Suisse et Belgique), on compte quatorze entreprises sur lesquelles l'investisseur canadien peut arrêter son choix.

Premier constat: la plupart de ces entreprises sont de grande taille et ont une portée mondiale (ex. Axa, Total, Credit Suisse, Novartis...). Cette diversification géographique les protège, jusqu'à une certain point, de récessions régionales.

Deuxième constat: de ces quatorze entreprises, aucune n'a pu résister à la déprime qui a frappé les marchés boursiers, elles ont toutes vu leur titre perdre une partie importante de sa valeur au cours des derniers mois. Ces entreprises ont vu leurs actions chuter, en moyenne, de 53% depuis leur sommet des douze derniers mois. La pire performance étant celle du fabricant d'équipements audiovisuels Thomson qui a perdu 90% de sa valeur. La pharmaceutique suisse Novartis, est celle qui s'en est tirée le mieux, ne cédant que 22% par rapport à son sommet de la présente année.

Troisième constat: si l'on se fie aux prévisions des analystes pour la prochaine année (ce qui est tout de même un gros "si"), 13 de ces 14 titres sont relativement bon marché, avec des ratios prix/bénéfices prévus pour la prochaine année de x 12 et moins.

Il y a certains risques pour l'investisseur canadien, associés à l'achat d'actions européennes via les ADR:
  • Selon moi, le dollar américain est présentement surévalué. Il faut payer actuellement près de $1.25 pour acquérir des USD et faire des achats sur le NYSE, si le dollar américain redescend éventuellement vers les $1.10 ou moins, cela signifie une perte de valeur au moment de la revente pour l'investisseur canadien.
  • J'ai constaté, par expérience, que plusieurs compagnies européennes se sont retirées des bourses américaines depuis quelques années (ex. Rhodia, Scor, Air France...). Ces actions peuvent alors se transiger "over the counter - OTC" par votre courtier, mais cela réduit le volume de transactions quotidiennes sur ces titres. Certains courtiers demandent des frais de transaction plus élevés sur un titre OTC.

À part ces deux réserves, je vois parmi ces 14 titres, plusieurs compagnies intéressantes qui méritent qu'on les analyse de plus près et qui pourraient offrir à leur prix actuel, un bon rendement à l'investisseur au cours des prochains années. Ci-dessous, dans l'ordre, le nom de l'entreprise, son code à la bourse de New-York, son activité, son sommet des 52 dernières semaines, son prix actuel et son ratio prix/bénéfices prévus pour la prochaine année -BPPA (en cliquant sur le nom de l'entreprise, vous allez accéder à son site):

ABB (ABB), produits d'ingénierie industrielle, $33.39-$14.01, prix/BPPA x 9.6
Alcatel-Lucent (ALU), équipements de télécommunication, $7.67-$2.15, prix/BPPA x 45
AXA (AXA), assurance, $40.27-$21.41, prix/BPPA x 7.2
CGG Veritas (CGV), équipements d'exploration, $58.48-$14.15, prix/BPPA x 5.2
Credit Suisse (CS), banque d'investissement, $60.60-$26.49, prix/BPPA x 8.3
Etablissements Delhaize (DEG), magasins d'alimentation, $89.05-$62.80, prix/BPPA x 10.6
France Telecom (FTE), services télécommunication, $38.52-$27.98, prix/BPPA x 10
Novartis (NVS), produits pharmaceutiques, $61.30-$47.80, prix/BPPA x 11.4
Sanofi-Aventis (SNY), produits pharmaceutiques, $49.04-$31.27, prix/BPPA x 8.5
Syngenta (SYT), produits agricoles, $66.78-$36.40, prix/BPPA x 10.3
Thomson (TMS), équipements audio-visuels, $14.24-$1.31, prix/BPPA x 3.3
Total (TOT), pétrolière, $91.34-$53.90, prix/BPPA x 7.8
UBS (UBS), banque d'investissement, $46.70-$13.08, prix/BPPA x 8.1
Veolia Environnement (VE), services environnementaux, $94.42-$29.35, prix/BPPA x 12.2

P.S. Pour voir toutes les entreprises européennes accessibles via les ADR, cliquez sur le lien suivant: The Bank of New York Mellon, DR Directory.
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jeudi 25 décembre 2008

Les tumultes des marchés ne troublent pas Warren

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N.B. Ceci est une traduction que j'ai faite d'un texte publié sur Globeinvestor.com en juillet dernier, le texte en anglais est accèssible sur Globeinvestor moyennant un coût, le lien est à la fin de mon résumé.

L'ex bru de Warren Buffett, Mary Buffett, et David Clark, viennent de publier un livre qui est un cours accéléré sur la méthode d'investissement de l'Oracle d'Omaha: The new Buffettology: The Proven Techniques for Investing Successfully in Changing Markets. Voici les principaux points de cette technique d'investissement:

1. Berkshire Hathaway (l'entreprise que dirige Buffett) n'investie pas dans des actions mais dans des entreprises. Ce que font les marchés ne les intéressent pas, c'est ce que font les entreprises qui les intéressent.

2. Il faut rechercher des entreprises qui possèdent un avantage compétitif durable (l'exemple classique est Coca-Cola) qui premettra à l'entreprise de générer de façon régulière des Retours sur l'avoir des actionnaires (Return on equity - ROE) élevés, idem pour les Retours sur le capital investi (Return on capital - ROC). Cette rentabilité générera des dividendes croissants et/ou des rachats d'actions.

3. N'investir que dans des entreprises que l'on comprend. Warren Buffett n'a jamais investi dans Microsoft, malgré la grande amitié qu'il le lie à Bill Gates, simplement parce qu'il ne comprend pas l'informatique suffisament pour prendre des décisions éclairées.

4. Se demander si la compagnie visée pourrait devenir anachronique dans vingt ans. Est-ce que son produit pourrait être remplacé ou sera toujours utilisé.

5. Warren Buffett préfèrent les compagnies qui vendent la même chose aux mêmes consommateurs de façon répétitive (ex. lames de rasoir, assurance automobile, savons...).

6. Est-ce que la compagnie est dirigée par des gestionnaires qui méritent notre confiance? Quelle utilisation font-ils de l'argent des actionnaires? Est-ce qu'ils investissent de façon à renforcer des avantages que l'entreprise possède ou est-ce qu'ils s'égarent dans des secteurs ou elle ne possède aucun avantage compétitif?

7. Quelle est l'évolution des bénéfices par action (BPA) au cours des dix dernières années. La croissance doit être constante et plus forte que celle de l'inflation. Une année de recul n'est pas tragique, si elle est reliée à un problème qui peut être résolu, et peut constituer une occasion de renforcer sa position.

8. Est-ce que l'entreprise a un solide bilan financier? La dette à long terme ne doit pas dépasser cinq fois la valeur des bénéfices annuels. Cette solidité du bilan permettra de passer à travers les crises conjoncturelles qui pourraient surgir, tôt ou tard.

9. Est-ce que la compagnie peut relever ses prix pour tenir compte de l'inflation (price power).

10. Est-ce que la compagnie doit faire des investissements technologiques constants pour maintenir sa compétitivité. Dans un tel cas, elle est à éviter.
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50,000 ème visite, la veille de Noël!

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Ah mes petits coquins de lecteurs de Québec Bourse, vous l'avez fait exprès pour m'apporter ma 50,000 ème visite sur mon blogue la veille de Noël. Ah le beau cadeau!

50,000 visites en quinze mois, ça peut paraître peu, mais dans cet univers des blogues qui en compte des millions, c'est un score tout à fait respectable. Et puis, si j'écris quasi quotidiennement sur Québec Bourse depuis le 15 septembre 2007, c'est pour le plaisir de communiquer avec vous, pas pour autre chose... Pas de lecteurs, pas grand plaisir à écrire, n'est-ce pas? Un gros merci à mes fidèles lecteurs et aux autres qui visitent ce blogue à l'occasion.

Si la tendance se maintient, je prévois atteindre ma 100,000 ème visite, à peu près à la même date l'an prochain. Est-ce que les marchés seront alors ressortis de leur torpeur et auront donné raison à ceux qui pensent que nous traversons actuellement une période exceptionnelle pour les acheteurs? On verra bien. Entre-temps, comme simple investisseur qui a encore beaucoup à apprendre, je vais continuer mon apprentissage tout au long de la prochaine année.

En passant, vous avez encore quelques jours, pour me faire vos prédictions pour l'année 2009 (trois sondages, colonne de gauche).

Un Joyeux Noël à chacun d'entre vous.

Denis
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mercredi 24 décembre 2008

Revue des sites boursiers

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Ma liste des meilleurs sites qui traitent de la bourse comprend maintenant 59 suggestions. Vous retrouvez cette liste, avec les liens internet pour chacun d'eux, dans la colonne de gauche. Ce n'est donc pas le choix qui manque. Le défi c'est de cibler les meilleurs sources qui vous permettront d'accéder à l'information la plus pertinente, celle qui vous aidera à vous y retrouver dans cet univers complexe de la finance et des marchés boursiers.

Mes préférences ont peu changées au cours de l'année, je suis un lecteur assidu des sites suivants:

Top 7 des sites québécois et canadiens:

La Presse Affaires: beaucoup à cause de ses blogueurs et commentateurs de premier niveau (Cousineau, Dufour, Girard, Rochon...).
Les Affaires.com : très bonne couverture de l'actualité et une forte équipe de commentateurs (Mooney, Vézina, Les investigateurs financiers...).
Argent - Quebecor Media: actualité, vidéos et son Forum qui est le plus fréquenté au Québec, on y retrouve une faune de boursicoteurs assez colorée...
L'heure des comptes: les entrevues de l'émission radio sur internet.
Globeinvestor.com: j'aime bien le tableau des entreprises qui composent le S&P/TSX Composite, on peut le remanier pour faire des sélections en un clic, du type par ordre des gagnants et perdants du jour.
Business News Network: pour sa section TV Clips où on peut visionner la plupart des entrevues qui passent sur ce canal financier de télé.
Financial Post: assez complet, actualités, opinions et vidéos.

Top 5 des sites américains:

Marketwatch.com: celui que je fréquente sur une base régulière depuis des années, pour les actualités et les très nombreux et colorés commentaires des lecteurs sur les textes, on peut également se faire un tableau très pratique de suivi de notre portefeuille qui contiendra autant des titres américains que canadiens (CA + code).
Morningstar.com: pour les statistiques sur les entreprises (dix ans) et les analyses pour plusieurs d'entre elles (section payante).
Bloomberg.com : parce que c'est Bloomberg...
Business Week: beaucoup de contenu, d'analyses en profondeur, le tout gratuitement. Pourquoi achèterait-t-on la revue? Tout est là...
The Wall Street Journal: la référence des marchés financiers et, en prime, une bonne partie de ce site incontournable est gratuite...

Top 5 des sites européens:

Cantos.com: pour les vidéos, des entrevues éclairantes avec des dirigeants d'entreprises, des analystes, des économistes...
Boursorama: site complet, actualités, opinions, conseils boursiers, forum...
ABC Bourse : pour les analyses et la très éducative section "Apprendre".
La Tribune.fr : beaucoup d'actualités et commentaires.
Vernimmen.net: pour le glossaire des termes financiers, difficile d'être plus complet.

Si vous avez des suggestions, faites-moi en part en utilisant la section commentaire.
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mardi 23 décembre 2008

Revue des blogs boursiers

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Saviez-vous que Wall Street a un poète? Et bien, oui, Michael Silverstein n'est pas inspiré par sa belle, mais par les hauts et les bas des marchés boursiers. Le Wall Street Poet's, à visiter, si la mélancolie des marchés alourdie votre âme...

Un petit rappel de l'existence d'un blog boursier québécois de qualité, celui de Philippe Rancourt: L'entrepreneur boursier. Et bien sûr, ne pas oublier, l'incontournable pionnier Forcast Invest qui vaut le détour à chaque fois, ainsi que le toujours intéressant Café de la Bourse.

J'ai repéré quelques blogs que je ne connaissais pas, les voici:
Si vous avez des suggestions, faites-moi en part en utilisant la section commentaire.
Bonne lecture.
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lundi 22 décembre 2008

Reculs probables, avant l’expiration des délais pour déclarer des pertes de capital

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Je ne m’attends pas à grand-chose des marchés au cours des prochaines séances. Plusieurs titres qui ont subi d’importantes baisses depuis le début de l’année, seront sûrement liquidés afin de pouvoir déclarer des pertes de capital. Cette année, avec une baisse de plus de 40% sur plusieurs marchés et de plus de 50% sur plusieurs titres, le nombre d’entreprises pour lesquelles il peut paraître avantageux de déclarer de telles pertes, est énorme.

Pour pouvoir déduire une perte en capital pour 2008, on doit vendre ses titres avant le 24 décembre quand il s'agit d'actions canadiennes, et avant le 26 décembre dans le cas des actions américaines : pour être sûr de la justesse de ces délais, adressez-vous à votre courtier ou à Revenu Canada.

Plusieurs investisseurs vendent pour profiter de la déduction, en se disant qu’ils vont racheter le titre après le délai de trente jours imposé par l’impôt (au Canada). C’est une stratégie qui peut être risquée, puisque plusieurs titres pourraient remonter rapidement dans les jours qui vont suivre le délai limite pour les déclarations de pertes de capital, il y aura alors, soudainement beaucoup moins de vendeurs. Et puis, si vous vendez maintenant pour racheter dans un mois, la perte de capital dont vous bénéficierez maintenant, se transformera éventuellement en un gain de capital à déclarer, lorsque vous vendrez les mêmes actions à un prix plus élevé. Vous ne faites que gagner du temps, l’impôt vous rejoindra tôt ou tard…

À lire : « Transformez vos pertes en gains », un texte de Jean-François Cloutier du Journal des Affaires, cliquez ici.
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La boîte de cartes de hockey et mon style d'investissement...

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Quand j'étais enfant, je collectionnais les cartes de joueurs de hockey, je les amassais dans une vielle boîte de souliers. Ma collection était justifiée par l'affection que j'avais pour ce sport et non par des fins de revente éventuelle à d'autres collectionneurs un jour. Rendu à l'adolescence, j'avais encore ma vieille boîte, gonflée au maximum par des années d'accumulation.

Un jour, pendant que j'étais à l'école, ma mère qui faisait le ménage de ma chambre, aperçu la boîte qui traînait et, je ne sais pour quelle raison, se dit qu'un adolescent ne jouait probablement plus avec des cartes de hockey. Elle décida de donner la dite boîte à un gamin qui habitait à la porte d'à côté. Il faut dire que le gamin en question avait connu récemment une dure épreuve: son jeune frère avait été mortellement happé par un autobus et sa douleur était encore vive. Maman s'était donc dit: "Pauvre enfant, ça va lui faire plaisir et Denis, à son âge, ne joue probablement plus avec ses vielles cartes de hockey." L'intention était bonne et très louable. Ma mère avait un coeur immensément généreux et bon, jamais, pour un instant, ne réalisa-t-elle qu'elle allait ainsi me contrarier fortement, en faisant don de ma collection sans mon consentement préalable...

Ce souvenir ne serait pas si douloureux, si ce n'avait été de ce qui allait suivre: à compter des années soixante-dix, la revente de vielles cartes de hockey gagna soudain en popularité auprès des collectionneurs, faisant gonfler les prix de façon spectaculaire pour les cartes devenues rares, en particulier celles des joueurs vedettes. Cette inflation se continua dans les décennies qui suivirent, au point d'atteindre des sommes pharamineuses pour certains de ces vulgaires petits cartons où posaient des joueurs au sourire un peu forcé.

Je ne sais pas si, en vieillissant, j'aurais vraiment gardé précieusement la boîte ou si je m'en serais défait quelques années plus tard lors d'une vente de garage... Mais le doute persistera toujours dans mon esprit. Cette boîte contenait de véritables trésors, des cartes qui se sont revendues quelques décennies plus tard à des centaines de dollars pour les plus recherchées d'entre-elles: des Jean Béliveau, Gordie Howe, Stan Mikita, Bobby Hull et, surtout, quelques cartes de Bobby Orr durant ses premières années dans la LNH...

Cette épisode de mon adolescence a laissé des traces sur mon comportement d'investisseur. Au cours des dernières années, j'ai rempli ma boîte d'une multitude de compagnies que j'ai ramassé à droite et à gauche. Warren Buffett dit que la diversification peut protéger la richesse, mais que c'est la concentration qui la construit. Certains affirment que dix entreprises c'est amplement dans un portefeuille individuel; d'autres, qu'on peut se rendre à vingt au maximum, qu'au delà de ça, il est impossible de bien suivre ses entreprises et que l'on se noie dans une trop grande diversification.

Je crains d'être davantage un collectionneur, qu'un investisseur... Je voudrais bien réduire le nombre d'entreprises dans mon portefeuille et ramener le fruit de la vente vers le noyau le plus solide d'entre elles. Mais voilà, je souffre du "syndrome de la boîte de cartes de hockey", je ne parviens pas à retirer tel ou tel joueur, de crainte de me réveiller avec une mauvaise surprise dans quelques années: et si c'était le prochain Bobby Orr...
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dimanche 21 décembre 2008

Message à mes lecteurs

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Petit message à mes lecteurs, et en particulier à ceux qui me font parvenir leurs commentaires à l'occasion: je les lis avec beaucoup d'intérêt ces commentaires, même si parfois, je peux mettre un certain temps à y répondre, car je manque souvent de temps. Ce matin, je l'ai fait pour ceux d'entre-vous qui s'étaient donné la peine de m'écrire au cours des dernières semaines. Merci pour vos commentaires, ils sont toujours appréciés.

Denis

P.S. N'oubliez pas de participer à mes trois sondages sur la tendance des marchés en 2009 (colonne de gauche). Je n'offre pas de prix aux gagnants, mais je serais curieux de connaître vos prévisions.
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samedi 20 décembre 2008

EXPEDIA: est-ce le temps d'acheter?

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Le titre d'Expedia (EXPE au Nasdaq), l'agence de voyage en ligne, a été durement touché au cours des derniers mois par la perspective d'une récession: il est passé de plus de $32.00 en début d'année à $8.15 hier, à la fermeture de la séance. Cette réaction des investisseurs se comprend à première vue: en temps économiques difficiles, les dépenses reliées aux vacances sont parmis les premières qui écopent. La déprime qui afflige ce titre ne constitue-t-elle pas, cependant, une occasion d'achat pour cette compagnie qui occupe, de loin, la première position dans ce type de services?

On pourrait penser que le niveau des ventes et des profits d'Expedia sera en chute libre en 2009 et que le titre en subira les conséquences. Oui et non... Expedia offre comme produits des locations de chambres d'hôtels et des ventes de billets d'avions à rabais que lui fournissent les hôteliers et les transporteurs aériens. En période d'intense activité économique, ces entreprises sont moins enclines à recourir aux services d'Expedia, et à lui payer une part de commission: elles seront portées à utiliser leurs propres canaux de vente pour écouler leurs produits. En temps économiques difficiles, avec la perspective de se retrouver avec des chambres d'hôtels et des sièges d'avions non-occupés, elles verront davantage un intérêt à recourir à ce tiers, qui leur donnera ainsi accès à son vaste réseau d'acheteurs potentiels. L'inventaire qu'Expedia pourra offrir à ses clients en 2009, regorgera donc d'une grande diversité d'aubaines attrayantes.

D'autre part, les résultats financier récents d'Expedia (troisième trimestre) n'ont pas été désastreux: ses revenus ont augmenté de 9.7% en comparaison du même trimestre l'an dernier, ses profits n'ont pu suivre cette croissance des ventes mais se sont maintenus ($0.33 par action versus $0.32). Le bilan financier de l'entreprise est relativement sain: le ratio dettes à long terme/avoir des actionnaires est de 0.36.

Éléments positifs que je perçois:
  • Étant de loin la plus importante agence de voyages en ligne, Expedia bénéficie de cette taille pour négocier avec ses fournisseurs et attirer davantage de clients (plus on a de choix sur les sites, plus de clients sont portés à y venir, plus on a de clients sur les sites, plus de vendeurs sont portés à y venir pour offrir leurs produits, etc : effet réseau).
  • Les sites internet d'Expedia partout sur la planète sont très fréquentés, permettant à l'entreprise de bénéficier de lucratifs revenus d'annonceurs sur ces sites. Son site www.tripadvisor.com/ en réunissant les commentaires de milliers de voyageurs à travers le monde, favorise également un réseautage entre ses différents sites.
  • La vente de services de voyage en ligne n'a pas encore atteint sa pleine maturité, bien qu'elle accapare déjà 35% du marché: les nouvelles générations moins craintives de l'internet et du commerce électronique, risquent d'utiliser encore plus ce moyen pour négocier ces services.
  • Le titre se transige actuellement à un multiple de 7.6 fois ses profits prévus pour la prochaine année, ce qui est bas pour une entreprise qui a un potentiel de croissance additionnelle.
Éléments négatifs que je perçois:
  • Les retombées d'une récession mondiale sur l'industrie du voyage sont encore difficiles à évaluer, mais seront définitivement importantes et affecteront les revenus et les profits d'Expedia (en dépit de l'accès à un meilleur inventaire de services à offrir).
  • Le marché des services de voyage en ligne est relativement facile d'accès: de nouveaux compétiteurs peuvent surgir et pousser les prix à la baisse.
  • Selon moi, le dollar américain est actuellement surévalué, l'acheteur canadien ou européen paie donc une prime qu'il doit compter dans ses coûts d'achat des actions américaines, comme celles d'Expedia.

Avec ce pour et ce contre à l'esprit, est-ce le temps d'acheter les actions d'Expedia à ce prix ($8.15)? Moi je crois que oui, mais ce n'est que ma modeste opinion de simple investisseur. Il y a peut-être des éléments qui manquent à mon analyse. Qu'en pensez-vous?
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vendredi 19 décembre 2008

Le téléphone cellulaire est-il devenu un bien essentiel?

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Le téléphone cellulaire est-il devenu un bien essentiel, au même titre que le logement, l'alimentation ou le transport? Est-ce que la consommation de ce service va résister à la récession que l'on traversera en 2009?

Je n'ai pas encore un téléphone cellulaire, je vois peu de personnes autour de moi qui n'en ont pas. J'ai résisté jusqu'à présent à cette évolution technologique qui a balayé la planète en une décennie. Ceux qui en ont un, en particulier ceux qui ont des versions sophistiquées tels les I-Phone ou les BlackBerry, semblent être accrocs de ces bidules. Je pense qu'il couperait un repas ici et là, plutôt que d'avoir à renoncer à leur petit compagnon... Sans blague, quand l'argent va se faire plus rare, quand plus de gens vont se retrouver en chômage, est-ce que ces frais mensuels qui sont parfois exorbitants, vont résister au resserrement de la consommation?

Je me pose ces questions parce que les titres des compagnies qui offrent les services de téléphonie cellulaire ont beaucoup baissé depuis un an. À première vue, une industrie qui offre un service de consommation récurrente est attirante pour l'investisseur. Cependant, ce service est une "commodité", un produit qui n'est pas vraiment distinctif d'une compagnie à l'autre: ce qui signifie habituellement une faible capacité à imposer et à augmenter ses prix.

Est-une bonne idée d'acheter les titres des compagnies de ce secteur actuellement? J'ai un oeil sur Sprint Nextel (S au NYSE, $1.80) qui m'apparaît être bon marché, malgré un niveau d'endettement élevé. Je sais, je prêche souvent qu'acheter une énorme dette n'est pas une bonne idée... Mais à ce prix, j'ai de la difficulté à résister. Il y a également les titres de British Telecom (BT au NYSE, $21.06), de la compagnie sud-coréenne SK Telecom (SKM au NYSE, $17.90) et du fournisseur canadien Telus Corporation (T au TSX, $33.00) qui pourraient m'intéresser. Qu'en pensez-vous?

Et puis, pour rigoler un peu à propos du téléphone, vous connaissez le vidéo de Brenda qui téléphone à Becky? Un classique de l'humour québécois. Cliquez ici pour y accéder.
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mercredi 17 décembre 2008

La tempête boursière de 2008: est-ce qu'un seul d'entre nous avait prévu son ampleur?

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À la fin décembre 2007, j'affichais un petit sondage demandant à mes lecteurs leurs prévisions pour 2008 pour l'indice phare S&P 500. Une majorité des répondants étaient optimistes quant à l'année boursière 2008: 64% d'entre eux, contre 36%, croyaient à l'avancée de l'indice du S&P 500, plutôt qu'à son recul. La moitié des répondants prévoyaient une augmentation d'au moins 5% de la valeur de l'indice. Les résultats se répartissaient ainsi:

Progression supérieure à 10%: 14% des répondants
Progression entre 5 et 10%: 36% des répondants
Progression entre 0 et 5%: 14% des répondants
Recul de 0 à 5%: 3% des répondants
Recul de 5 à 10%: 5% des répondants
Recul supérieur à 10%: 28% des répondants

On peut donc affirmer que la très grande majorité des répondants n'avaient pas vu venir la tempête qu'allait connaître l'ensemble des marchés boursiers en 2008. Je doute qu'un seul répondant parmi les plus pessimistes (recul supérieur à 10%) avait imaginé l'ampleur de la dégelée qu'allait subir l'indice S&P500: un recul de 38% de sa valeur (en date d'aujourd'hui).

Que nous réserve 2009? Je vous propose trois petits sondages: un pour le TSX Composite (canadien), un pour le S&P 500 (américain) et un pour le CAC 40 (français). Les sondages sont affichés dans la colonne de gauche après les annonces Google. Amis lecteurs, que voyez-vous dans votre boule de cristal pour les marchés en 2009? Participez à mes sondages, on s'en reparlera dans douze mois...
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Que cache la descente du titre de Mega Brands?

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Je l'ai déjà mentionné: un titre qui chute, jour après jour, sans raison apparente, ne fait que cacher momentanément la cause de sa chute, car il y a toujours une cause à pareille chute. On l'a vu avec le titre de Mecachrome (MCH-TSX) qui se retrouve maintenant sous la protection contre les faillites (Chapitre 11).

Lorsque la valeur d'un titre chute de façon continue, sans que des raisons apparentes ou suffisantes semblent le justifier, c'est qu'une partie de la réalité ne nous est pas connue, alors que d'autres, eux, sont au courant de cette réalité et sont en train de liquider progressivement leurs positions. Le petit investisseur dépend de l'information publique pour se faire une idée et cette information devient bien souvent disponible quand le mal est déjà fait. Il n'a pas accès à l'information de l'intérieur. La seule façon pour lui de se protéger contre ces trappes, c'est de se méfier de ces chutes apparemment injustifiées, de ces aubaines "trop belles pour être vrai" que semble lui offrir le marché.

Je regarde aller le cours de l'action de Mega Brands (MB au TSX), le fabricant québécois de jouets, et je me pose la question: que se passe-t-il en coulisses pour que ce titre continue ainsi sa chute vertigineuse? Mega Brands qui se transigeait aux environs de $20 en septembre 2007, a touché les $0.33 hier après-midi. Bien sûr, tout le monde connaît les nombreux problèmes de l'entreprise qui ont précipité son titre vers le bas: baisse des ventes, niveau d'endettement élevé, acquisition douteuse de Rose Art, démêlées avec ses fournisseurs chinois, jouets défectueux qui ont entraîné des rejets et des poursuites, inventaires élevés et émission de débentures convertibles principales au mois d'août... Mais de là à se retrouver à $0.33 l'action, il semble y avoir quelque chose d'autre...

Le dépôt du dernier rapport trimestriel pouvait laisser penser que la situation se stabilisait, que peut-être le pire était passé et que l'entreprise pourrait passer à travers de cette crise. Nous sommes dans le trimestre de l'année le plus favorable pour les fabricants de jouets, le prix des plastiques devrait baisser (avec la chute du coût du pétrole), le dollar canadien a perdu de sa valeur, ce qui favorise les exportateurs... Ne pourrait-on pas espérer de prochains résultats trimestriels positifs malgré la récession? Mais le titre continue de descendre de façon continue, les rares croyants qui misent sur son redressement sont balayés par des vendeurs prêts à laisser partir leurs actions à ces prix dérisoires. Qui sont ces vendeurs et que savent-ils? Les dirigeants de l'entreprise devraient normalement faire l'achat massif d'actions à un prix aussi bas, si la situation était sous contrôle, et empêcher la chute du titre... Qu'en est-il? Ça ne sent pas bon...

Qu'en pensez-vous? Que cache la descente du titre de Mega Brands?
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lundi 15 décembre 2008

Le CELI, particulièrement intéressant pour les actions?

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Le compte d'épargne libre d'impôt (CELI) s'en vient, le 1er janvier 2009. On pourra y mettre à l'abri de l'impôt différentes formes d'épargnes et de placements, jusqu'à un maximum de $5,000 de contributions par année. Il m'apparaît particulièrement intéressant de se servir de cet abri fiscal pour y déposer des actions d'entreprises, puisque vous n'aurez pas à payer d'impôt sur les dividendes ou d'avoir à déclarer de gains de capital quand vous procéderez éventuellement à leur vente (si bien sûr, leur valeur a augmentée entre-temps). En contrepartie, vous ne pourrez pas bénéficier de déduction pour pertes de capital, s'il y a lieu.

Puisque les actions sont, selon moi, présentement sous-évaluées après la débâcle des quinze derniers mois, elles offrent un bon potentiel d'augmentation de leur valeur d'ici quelques années: vous pourrez alors les vendre, sans avoir à être taxé sur votre gain de capital. Utiliser cet abri fiscal pour protéger de l'impôt un certificat de dépôt à 2%, c'est, selon moi, sous-utiliser le potentiel de cet abri fiscal. Mais ce n'est que mon point de vue personnel, je ne suis pas fiscaliste. D'autre part, ce compte n'est pas nécessairement le meilleur choix pour tous, les REER demeurent plus avantageux pour certains (voir le texte de Michel Girard ci-dessous). Comme je ne veux pas vous induire en erreur, je vous suggère donc, pour en savoir plus, de consulter l'un ou l'autre des sites ou textes suivants:




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dimanche 14 décembre 2008

L'impact de la valeur de la monnaie américaine sur les coûts d'investissement

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Dans quelle direction s'en va la valeur du dollar américain? La question est importante pour l'investisseur canadien ou européen, parce qu'elle aura un impact sur le rendement futur des investissements qui sont faits aujourd'hui.

Devant les incertitudes boursières et économiques, le dollar américain s'est transformé en valeur refuge pour plusieurs au cours des derniers mois: sa valeur a ainsi augmentée de façon importante. Alors que les dollars américain et canadien s'échangeaient pratiquement à parité à la fin juillet, le taux de change est maintenant de près de $1,25 canadien pour un dollar américain. Si on ajoute à cela des frais de plus de 2% lors de l'achat du dollar américain et d'un autre 2% lors de sa reconversion éventuelle en dollar canadien, c'est donc, près de $1.30 canadien qu'il en coûte pour chaque dollar américain. C'est même un peu plus, parce qu'au moment de la reconversion en dollar canadien, si votre placement a fructifié entre-temps, le pourcentage des frais de conversion s'appliquera sur une somme plus élevée.

Je ne suis pas un spécialiste des questions monétaires, mais il semble exister un certain consensus pour prévoir une baisse de la valeur du dollar américain d'ici un an, au fur et à mesure que la crise économique s'atténuera et que le dollar US cessera progressivement de jouer son rôle de valeur refuge. Le poids de la dette américaine serait un autre élément qui soutiendrait cette tendance.

Pour ma part, je crois que sur une longue période, la valeur moyenne du dollar américain sera toujours plus élevée que celle du dollar canadien (environ $1.10), parce que l'économie américaine est plus puissante et plus diversifiée. Il y a donc, selon moi, un frais supplémentaire de l'ordre de 15 à 20% (en incluant les frais de conversion) pour l'investisseur canadien qui achète des titres américains présentement. Il y a également l'impact fiscal, les dividendes américains hors REER sont davantage taxés au Canada que ceux des entreprises canadiennes (une aberration fiscale, on pénalise le rapatriement d'argent vers le Canada...). Ceci étant dit, si vous croyez que la valeur des titres américains que vous sélectionnez doublera ou plus d'ici quelques années, le placement peut être amplement justifié.
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samedi 13 décembre 2008

Les leçons de l'investisseur: Investir dans un secteur en déclin, n'est jamais une bonne idée

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J’ai longtemps pensé que même dans les mauvais secteurs pour l’investisseur, les secteurs dont les caractéristiques intrinsèques ne favorisent pas les profits et la rentabilité, on pouvait trouver des entreprises qui se démarquaient et qui représentaient de bons placements. Je ne crois plus à cette théorie : ramer à contre-courant de caractéristiques économiques implacables est foncièrement un exercice stérile, inutile et à la longue, non rentable pour l'investisseur.

Prenons le secteur des journaux écrits. L’évolution technologique (internet) et les préférences des nouvelles générations condamnent, selon moi, ce secteur à un déclin progressif et irrémédiable. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la bourse il y a quelques années, malgré le fait que la montée fulgurante de l’internet était déjà nettement perceptible, une thèse favorable aux investissements dans les journaux continuait à être défendue. Selon de sérieux analystes, comme celui qui couvrait à l'époque ce secteur sur le site d'investissement Morningstar, les grands journaux étaient entourés d’une tranchée (moat) qui les mettait à l’abri de la compétition : les coûts associés au démarrage d’un journal étaient si élevés que cela devenait une protection contre l’arrivée d'éventuels compétiteurs.

Selon cette thèse, les principaux journaux des grandes villes, tout comme les petits hebdos des petites villes, jouissaient donc d'un quasi monopole qui leur permettait un contrôle sur le prix de vente du journal et sur celui de la publicité qu’il incluait. Là où cette théorie se trompait royalement, c’est qu'en fait, ce qui menaçait vraiment les journaux, ce n’était pas la venue d’autres journaux, mais la montée des autres moyens de communication, en particulier, l’internet.

J’ai mordu à la thèse de la « tranchée protectrice » des grands journaux et j’ai investi dans Gannett (U.S.A. Today), New York Times, Tribune, Lee Enterprises, Journal Register... Au fil des dernières années, ce qui est ressorti clairement, c’est que le nombre de lecteurs des journaux diminuait régulièrement d’un trimestre à l’autre. Les plus vieux lecteurs s’accrochaient à leur habitude en papier, mais les plus jeunes n’adoptaient qu’en faible nombre ce moyen d’information auquel ils préféraient, et de loin, l’internet, eux qui ont été nourri par ce média dès leur plus jeune âge. Internet étant en fait pour les jeunes, plus qu’un moyen d’obtenir de l’information, c’est un lieu pour socialiser, échanger, s’exprimer, consommer et, à l’occasion, s’informer…

Le cycle de la vie n'est pas respecté ici : pour chaque vieux lecteur qui décède, on est loin de pouvoir compter sur un jeune lecteur de journaux pour prendre la relève. Et les annonceurs s’ajustent à ce déplacement inter-générationnel et diminuent progressivement la part de leurs budgets destinée aux journaux, en faveur d’autres médias, en particulier, les sites internet. Que peuvent faire les journaux face au pouvoir d'attraction de ce puissant média inter-actif, qui allie, en direct et en continu, textes, images, son et vidéos? Se convertir à l'internet? C'est la bouée de sauvetage à laquelle tous les journaux ont pensé. Le hic, c'est que sur internet, il n'y a pas de "tranchée protectrice", pratiquement pas de "barrière à l'entrée" : la compétition arrive de partout, même un blog comme le mien devient un modeste compétiteur de plus...

Comme l’économie ralenti actuellement aux États-Unis, cela vient accélérer la descente des journaux : les grands annonceurs se font rares et le nombre de petites annonces (emplois, immobilier, automobiles…) est en chute libre. Les derniers résultats trimestriels ont confirmé le rétrécissement des revenus et des profits. Les titres des grands journaux, même les meilleurs (ex. Gannett, GCI au NYSE), continuent ainsi à chuter de mois en mois. Une des pires dégringolades est celle de McClatchy Newspapers (MNI au NYSE) qui valait $75 l’action en avril 2005, le titre a fermé à $2.13 hier, une perte de près de 97% de sa valeur en un peu plus de trois ans!

Le seul attrait qui semble retenir des investisseurs à bord, est la générosité du dividende de certains journaux, dont les yields ont augmenté de façon inversement proportionnel à la chute du cours des actions : ainsi, Gannett à son prix d’aujourd’hui ($7.53), offre un plantureux dividende, un yield de 21%! Méfiez-vous cependant, ces dividendes obèses ne sont pas coulés dans le béton et seront éventuellement remis en question quand les entrées d’argent seront de plus en plus modestes. La preuve de cette imminente éventualité: les marchés continuent à lever le nez sur Gannett et son dividende, et ce, même si l'entreprise publie le journal qui a le plus fort tirage aux États-Unis (U.S.A. Today).

En 2007, Tribune (L.A. Times, Chicago Tribune...) a été rachetée à $33 l'action par le milliardaire Sam Zell qui a alors pris une des pires décisions d'investissement de l'histoire: l'entreprise vient de se placer sous la protection de la Loi contre les faillites (Chapitre 11), un peu plus d'un an plus tard...

Moi je garde mes quelques titres de journaux encore quelque trimestres, le temps qu’une reprise économique aux USA ramène des annonceurs, crée l’illusion d’un certain retour de la rentabilité et fasse remonter le cours de ces actions qui sont aujourd’hui au plancher. J’attends une sorte de « dead cat bounce » pour récupérer une partie de mes investissements et faire mes adieux aux journaux comme choix de placement.

P.S. J'aimerais bien me tromper sur la diminution progressive du tirage des journaux, ces derniers ont été, et demeurent encore aujourd'hui, de formidables entreprises qui jouent un rôle essentiel pour la liberté d'expression et la cohésion des communautés, petites et grandes.
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vendredi 12 décembre 2008

Finies, les prédictions matinales...

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L'actualité politico-économique change tellement rapidement, qu'il devient de plus en plus hasardeux de prédire la tendance des marchés au quotidien. Ce matin, les nuages étaient vraiment sombres, les marchés européens plantaient, le blocage du plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine par les sénateurs républicains laissait présager le pire.

Et puis, après une baisse rapide dans les premières minutes, est sortie la nouvelle que la Maison Blanche irait puiser dans le fonds du plan de sauvetage des institutions financières pour sauver celui de l'industrie automobile. Les marchés ont remonté depuis et risquent de finir la journée dans le vert... à moins qu'une autre nouvelle vienne mêler les cartes dans les prochaines heures. L'action de GM qui avait perdu 37% à l'ouverture est remontée en territoire positif! Décidément, c'est fini pour moi, les prédictions sur le court terme...
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Le plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine en péril

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Les sénateurs républicains, même minoritaires, pouvaient bloquer le plan de sauvetage de l'industrie américaine de l'automobile, puisqu'il fallait un accord de 60 sénateurs pour passer au vote. Ils l'ont fait, leur fanatisme idéologique de droite qui aura mené l'économie américaine sur le bord de l'abîme, les aura guidé à nouveau dans leur blocage de cette ultime solution.

Les sénateurs républicains veulent des concessions dès maintenant dans les conventions collectives des travailleurs de l'automobile. Ils affirment que les travailleurs américains de l'automobile ont une rémunération trop généreuse et que les fabricants américains ne seront jamais compétitifs sur cette base. Argument économique qui pourrait mériter une discussion dans des circonstances normales. Le problème c'est que le bateau coule présentement et qu'il faut agir vite. Ils prennent le pari que les syndicats, devant la menace du Chapitre 11 qui remettrait sur la table tout le contenu des conventions collectives, vont céder rapidement quelque chose.

Les sénateurs républicains prennent un pari sur l'économie américaine par fanatisme idéologique, au moment où elle est d'une grande vulnérabilité. Ils ne se sont jamais objectés aux hausses exorbitantes et indécentes dans la rémunération des dirigeants d'entreprises depuis une vingtaine d'années, mais là, selon eux, c'est le temps de remettre en question les acquis des travailleurs, de remettre en question la grosseur des bouées de sauvetage.

Les marchés boursiers vont en payer le prix aujourd'hui. Le titre de GM perd près de 40% de sa valeur en pré-ouverture. Direction: indice Dow Jones à 8000 points à nouveau.
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jeudi 11 décembre 2008

Un peu d'humour pour comprendre un sujet qui n'est pas vraiment drôle...

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Pour continuer dans le même thème que mon message de mardi matin sur la crise générée par les prêts de type "subprimes", voici un petit diaporama rigolo que j'ai retrouvé dans le journal Rue89 qui est publié sur internet, diaporama qui explique cette crise en quelques petits dessins humouristiques. Au point où on en est, vaut mieux en rire...

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mardi 9 décembre 2008

Où est passé le mille milliards de dollars?

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Où est passé le mille milliards de dollars? C'est la question que je me pose. Cette somme pharamineuse, c'est celle de la diminution des valeurs boursières depuis quinze mois, suite à la débâcle des marchés entraînée par la crise des "subprimes", ces mauvais prêts hypothécaires qui ont été accordés lors de transactions qui n'auraient jamais dû avoir lieu.

Comme dit le proverbe: "Rien ne se perd, tout se transforme". Proverbe ou loi de la physique, peu importe. En finance, c'est également vrai, on pourrait dire aussi: "ta perte est mon gain", ou vive versa. Il est extrêmement malheureux que quelques millions d'américains aient payé beaucoup trop cher pour une maison qu'ils n'avaient pas, bien souvent, les moyens de se payer. Cependant, en bout de ligne, ils ne sont pas les seuls qui auront perdu dans cette aventure: les pertes auront été absorbées à la fin, par des institutions financières non seulement aux USA, mais partout sur la planète (via les PCAA) et donc, par des millions d'actionnaires de ces institutions et de cotisants à des fonds de retraite.

Ça ne répond toujours pas à ma question: où est passé le mille milliards? Car, cette perte des uns, s'est transformée en gain pour les autres. Et ces "autres", ce sont d'abord et avant tout des américains (individus et spéculateurs organisés) qui ont obtenu le gros gain lors de transactions hypothécaires aux prix gonflés par un surnombre artificiel d'acheteurs durant la création de la bulle immobilière.

Il y a donc des gens qui ont fait de l'argent, beaucoup d'argent, grâce à ce système nourri par la spéculation et l'irresponsabilité institutionnelle et gouvernementale. Les vrais gagnants de ce triste épisode, ce sont d'abord ceux qui vendaient les maisons dans ces transactions irrationnelles. Des heureux vendeurs individuels qui ont profité d'une conjoncture favorable, certes, mais surtout des spéculateurs organisés qui achetaient et revendaient rapidement aux premiers venus, avec un profit rapide et généreux, des maisons dont le prix était artificiellement gonflé de mois en mois par cette spirale spéculative.

Puis, il y a ceux qui faisaient fonctionner le système, en "vendant" des prêts alléchants et trompeurs à des personnes aux revenus limités, en se prenant au passage une généreuse quote-part. Dans cette chaîne alimentaire que générait cette spirale immobilière, on retrouvait ainsi à la base des courtiers en prêts immobiliers qui bâclaient ces prêts douteux, avant de les refiler à des banques qui les confiaient à leur tour à des banques d'investissement qui les réunissaient dans des produits sophistiqués de type PCAA, qu'ils offraient par la suite à de grands investisseurs institutionnels (ex. Caisse de dépôts et placements du Québec) attirés par des rendements prometteurs. Ce processus tortueux assurait un certain anonymat à ces actifs contaminés, jusqu'au jour où leur toxicité a fait surface...

Les américains ont donc répandu cette pandémie financière, via les PCAA, partout sur la planète. Ceux qui se sont laissés séduire par les attraits de ces produits financiers à la santé douteuse, ont aussi une part de responsabilité pour les malheurs qui suivirent. Il n'en reste pas moins que cette plus grande escroquerie de l'histoire financière a ramené en sol américain une partie des économies de la planète. C'est là qu'il est passé, en très grande partie, le mille milliards de dollars.

La nouvelle administration américaine, si elle veut rebâtir l'image des États-Unis dans le monde, devra mettre sur pied une commission d'enquête pour faire la lumière sur ce système de spéculation, d'avidité et d'irresponsabilité. Système qui aura permis à une telle bulle immobilière d'apparaître en sol américain, de se gonfler artificiellement pendant des années, de se répandre sur la planète via les PCAA, avant d'éclater aux dépens de millions d'actionnaires d'institutions financières et de cotisants à des fonds de pension un peu partout dans le monde.
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dimanche 7 décembre 2008

Quelle est la marque de commerce qui a la plus grande valeur: Google ou Coca-Cola?

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Deux firmes de marketing décernent annuellement des valeurs et un classement aux marques de commerce des grandes entreprises: ces études sont celles de Interbrand et de Millward Brown Optimor. En cette période de dépression boursière où tous les titres, même ceux des grandes entreprises, sont accessibles à moindre coût, il peut être utile de considérer la valeur de cette variable dans les choix que font les investisseurs. Développer une marque de commerce est un travail coûteux et de longue haleine, cet actif, bien que plus difficilement quantifiable que d'autres, a définitivement une valeur en soi. Les deux études identifient les 100 marques de commerce qui ont la plus grande valeur.

Pour Interbrand, c'est Coca-Cola (KO au NYSE) qui remporte la palme. On souligne que Coca-Cola a su renforcer la renommée de sa marque en développant récemment de nouveaux produits qui répondent aux préoccupations des consommateurs en matière de santé et d'apparence physique (Diet Coke Plus et Coke Zero). Parmi les compagnies dont la valeur de la marque de commerce a le plus augmentée au cours de la dernière année, ce sont trois compagnies reliées au domaine informatique qui ont connu les plus fortes croissances: Google (GOOG-Nasdaq), Apple (AAPL-Nasdaq) et Amazon (AMZN-Nasadaq). À l'opposé, voici les cinq compagnies qui ont vu leur marque de commerce perdre le plus de sa valeur au cours de la dernière année: Ford, Citigroup, Morgan Stanley, Gap et Merrill Lynch. On ne sera pas surpris de retrouver trois compagnies qui oeuvrent dans le domaine financier parmi cette liste des marques de commerce endommagées.

Pour Millward Brown Optimor, c'est la marque de commerce de Google qui a la plus grande valeur, suivie de celle de General Electric (GE-NYSE), de Microsoft (MSFT-Nasdaq) et de Coca-Cola. Les valeurs des marques de commerce de BlackBerry (Research in Motion), Apple et Amazon ayant le plus augmentées, pendant que celles de Motorola, Starbucks et Home Depot ont connu les plus importants reculs.

Dans l'étude de Millward Brown Optimor, on établie un lien entre la valeur des marques de commerce des compagnies et leur performance boursière (voir, page 5 de l'étude). Ainsi, deux portefeuilles ont été créés pour la période allant d'avril 2006 à avril 2008, portefeuilles que l'on a comparé à l'indice S&P 500 qui a augmenté de 3% durant cette période. Un premier portefeuille constitué des 100 entreprises ayant les plus fortes marques de commerce a donné un rendement boursier de 14.8% au cours de ces 24 mois. Un second portefeuille, où l'on ne retenait que les compagnies dont la valeur de la marque de commerce contribuait pour plus de 30% aux bénéfices (2/3 des 100 entreprises), a performé encore plus: la valeur de ses titres ayant augmenté de 22.1%, plus de sept fois la performance de l'indice S&P 500. L'étude conclue que cela démontre la valeur d'une solide marque de commerce, particulièrement en période de turbulence économique.

Pour accéder à ces deux études sur les marques de commerce, cliquez sur les liens ci-dessous:


The 100 Most Powerful Brands 2008 - Millward Brown Optimor
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samedi 6 décembre 2008

Les marchés montent après la publication de chiffres désastreux sur l'emploi?

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Celle là, j'ai de la difficulté à la comprendre. Les chiffres sur l'emploi publiés hier matin sont vraiment négatifs. Le coeur de l'économie canadienne, c'est l'Ontario, et on y constate une forte progression du chômage qui pourrait prendre davantage d'ampleur avec ce qui s'en vient dans l'industrie automobile: rationalisation forcée des lieux de production des trois grands fabricants nord-américains. Le Québec s'en tire mieux pour l'instant, mais vas y goûter inévitablement dans le premier semestre de 2009: le lien de son économie avec celles des autres provinces canadiennes et avec l'économie américaine est trop fort pour que notre marché de l'emploi n'en subisse pas les contrecoups.

Aux États-Unis, les 533,000 pertes d'emplois en novembre constitue la baisse mensuelle la plus élevée (en nombre) depuis 34 ans. Elles se sont produites dans une multitude de secteurs (finances, services aux entreprise, manufacturier, commerce de détail...). De plus, d'autres mises à pied ont été annoncées depuis le début du mois de décembre (AT&T, 12,000 postes...). L'économie américaine semble s'embourber dans une récession qui va s'étendre tout au long de 2009.

Alors, comment expliquer le redressement des marchés hier devant ces chiffres inquiétants? On dit que habituellement les marchés remontent six mois avant l'économie, mais douze? Il faut dire que les actions ont été "survendues" depuis quelques mois, en particulier les titres financiers. Il y a des titres qui sont maintenant nettement sous-évalués et les marchés n'attendent qu'un signal que le pire de la crise des subprimes/PCAA est passé pour faire le plein, avant que ces titres ne remontent définitivement. Hier, un tel signal a été perçu par certains: la compagnie d'assurance Hartford Financial Services Group (HIG au NYSE) a fait savoir que sa situation en terme de liquidité était plus solide que certains ne le craignaient et qu'elle revoyait à la hausse ses bénéfices pour 2009. Le titre a augmenté de 102% durant la journée, entraînant avec lui d'autres titres financiers dans sa montée.

Et puis, il y a les rumeurs politiques qui circulaient durant la journée que Barack Obama et le Congrès américain présenteraient leur plan de sauvetage de l'industrie automobile et de relance globale de l'économie, en début de la semaine prochaine. Pour moi, ça n'efface pas la réalité de l'économie américaine qui s'annonce plutôt sombre pour 2009, avec beaucoup de révisions à la baisse de prévisions de profits précédemment annoncées. On verra bien la semaine prochaine.
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