vendredi 29 octobre 2010

Le mouvement des charognards

Apprendre est parfois un long processus, ardu et frustrant. Pour moi à tout le moins. Se défaire d'une mauvaise habitude d'investisseur est plus facilement dit que fait...

Je m'explique: il est évident que lorsqu'un titre chute, il y a quelque part quelque chose de négatif et ce que vous le voyiez ou pas. Les vendeurs à découvert (short sellers), eux l'ont aperçu cette blessure sur le flanc du titre en chute libre et s'acharnent contre la bête blessée. Les vendeurs à découvert sont les charognards des marchés boursiers, ils se promènent à l'affût de ce type de titres en difficulté pour l'amener plus bas et faire leur profit.

Pendant longtemps je voyais les vendeurs à découvert strictement comme des profiteurs sans morale et je les dénonçais comme des abuseurs à réglementer. Ça demeure vrai. Ils sont effectivement sans morale, mais à la bourse, cette valeur ne semble pas être à sa place de toute façon. Aujourd'hui, je me dis que ces charognards sont des avertisseurs pour l'investisseur honnête: ils vous préviennent que quelque chose ne tourne pas rond. Il faut donc comprendre le mouvement des charognards dans le ciel, il peut nous informer, nous alerter. C'est pourquoi, il faut garder un œil sur le volume de ventes à découvert sur un titre, s'il est élevé et en hausse, il faut chercher à en connaître la cause.

Tout ça pour vous dire que je regardais chuter le titre de Bank of Ireland (IRE-NYSE) depuis trois semaines et que le chasseur d'aubaines que je suis, commençait à être tenté de s'approcher de cette bête qu'il croyait sous-évaluée par le marché. L'organisme réglementaire des banques en Irlande n'avait-il pas annoncé au début du mois que cette banque était suffisamment capitalisée pour l'instant, contrairement à la Allied Irish Bank (AIB-NYSE)? Pourtant, les charognards ne sont jamais là par hasard, j'aurais dû me méfier en les apercevant. Je me suis laissé tenté mardi, heureusement pour moi, seulement une petite somme. Le titre chute de 10% ce matin en Europe, je ne sais toujours pas où est la blessure sur le titre, mais il y en a une de toute évidence: les charognards, eux, l'avaient aperçue il y a trois semaines.


9 commentaires:

Pierre-Olivier Langevin a dit…

Salut Denis,

As-tu réussi à identifier ce qui a fait baisser le titre? Aurais-tu pu le prévoir avant d'acheter?

Pour ma part, je ne m'aventure que très peu dans le domaine financier au Canada (trop ardu et complexe à bien comprendre) alors le faire en Europe... je te lève mon chapeau!

Anonyme a dit…

Never try to catch a falling knife.

ECCO

Philippe Rancourt a dit…

Les vendeurs à découvert ne sont pas des charognards. Au contraire, ils sont utiles car ils font contre-poids aux nombreux "pompeux de titres" dans le marché.

L'histoire de Timminco en est un bon exemple. Le titre était pompé par des gens très réputés (le groupe d'Eric Sprott). Heureusement qu'il y avait des vendeurs à découvert pour exprimer publiquement des doutes sur cette compagnie.

Je crois que le problème de fond dans tes investissements, ce ne sont pas les vendeurs à découvert. C'est plutôt le fait que tu investis dans des situations que tu ne comprends pas.

PCclubfinancier a dit…

Très intéressant comme blogue.

Je vais revenir plus souvent opinion tranchante.

PCclubfinancier

Québec Bourse a dit…

à Pierre-Olivier

Je ne sais pas pourquoi ce titre s'est mis à redescendre il y a trois semaines après une nouvelle qui avait d'abord rassurée les investisseurs et fait remonter le cours de l'action: capitalisation suffisante selon l'organisme réglementaire, ce qui signifiait qu'elle n'aurait pas à aller chercher d'autres capitaux pour respecter les ratios.

Tu as raison, les institutions financières sont très difficiles à analyser et très risquées, surtout dans le contexte de crise qu'elles traversent depuis deux ans.

Denis

Québec Bourse a dit…

à Ecco

Cette maxime, c'était le sujet d'un de mes premiers billets, il y a plus de deux ans: comme quoi perdre une mauvaise habitude est plus facile à dire qu'à faire.

Denis

Québec Bourse a dit…

à PC Club financier:

Bienvenue à mon modeste blogue et merci pour les bons mots!

Denis

Québec Bourse a dit…

à Philippe

Si c'était de moi, j'interdirais les ventes à découvert, je n'accepte pas l'idée que les firmes de courtage "empruntent" les actions d'un investisseur pour les prêter sans son autorisation à un short seller qui mènera une action dont le but est de faire baisser la valeur du bien détenu par l'investisseur en question. Comment peux-tu vendre ce qui ne t'appartient pas? Puisque les ventes à découvert sont là pour rester, leur seule utilité c'est celle que je décrit: servir d'avertisseur.

Pour ce qui est de mon niveau de connaissance des titres que j'achète, je crois qu'elle n'est pas inférieure à celle de la moyenne des investisseurs. Je n'ai pas la prétention de connaître ces titres dans leurs moindres détails, c'est une connaissance partielle de la situation financière de l'entreprise, de ses points forts et de ses points faibles. Je crois que de toute façon, à moins d'être un dirigeant de l'entreprise, nous n'avons toujours qu'une connaissance partielle de sa situation réelle avant de peser sur le bouton "acheter".

Denis

LaTrentaine a dit…

Je ne suis pas d'accord avec cette vision négative des vendeurs à découvert. L'utilité initiale des marchés financiers est de permettre des faire des transactions efficaces d'actifs. Pour cela, il faut une certaine. La permission de vendeurs à découvert augmente la liquidité du marché alors, who cares?

Ce ne sont pas non plus des profiteurs. There's no free money, even for them.