Certaines entreprises peu scrupuleuses utilisent régulièrement la consolidation d'action, communément appelé reverse split, pour leur permettre d'obtenir un refinancement en diluant l'avoir des actionnaires actuels. La technique est la suivante: vous réduisez d'abord le nombre d'actions en faisant par exemple une consolidation d'actions de une action pour dix. Ainsi, s'il y avait cent millions d'actions en circulation qui se transigeaient à $1, le lendemain de la consolidation, il n'y en aura plus que dix millions qui devaient valoir en théorie $10 chacune. Cela rendra le titre plus attrayant pour des investisseurs institutionnels ou de nouveaux créanciers. De plus, cela pourra permettre à l'entreprise d'éviter de devenir un penny stock et de risquer l'expulsion des bourses comme le Nasdaq ou le NYSE. Si ce n'était que ça, l'actionnaire ne serait pas pénalisé, puisque la valeur de ses actions, bien que moins nombreuses, serait la même au total, tout en permettant aux actions de l'entreprise d'être plus stables.
Le hic, c'est que ces reverse splits sont la plupart du temps la première étape d'un refinancement qui passera par l'émission massive de nouvelles actions à prix moindre pour des investisseurs institutionnels ou des créanciers, émission souvent assortie de warrants leur permettant d'acquérir éventuellement des actions additionnelles à prix alléchant, si le cours de l'action en venait un jour à monter. En bout de ligne, les actionnaires initiaux subissent une importante dilution de leur part dans la propriété de l'entreprise.
Certaines entreprises font ce petit numéro régulièrement, mais une mérite certainement le titre de reine incontestée des reverse splits: Diana Containerships (DCIX-Nasdaq). Cette entreprise grecque (en partant, c'est un drapeau rouge, les entreprises grecques sont à éviter comme la peste, elles sont à l'image des finances du pays), en a réalisé pas moins de six depuis avril 2017! Les ratios étaient les suivants: 1:8, 1:7, 1:6, 1:7, 1:3 et 1:7. Si au départ un investisseur avait possédé 49,392 actions, après la première consolidation, il n'en avait plus que 6,174, après la seconde, il lui en restait 882, puis que 147, puis 21, puis 7... et après le dernier reverse split, il lui restait une seule action entre les mains! C'est un peu comme la puissance des intérêts composés, mais inversée... Et comme l'action vaut actuellement $1.60, il n'y a pas de quoi se payer un souvlaki...
Si l'entreprise était honnête, on pourrait évaluer la valeur aux livres de cette entreprise à $22 l'action, puisqu'il n'y aurait plus, selon le dernier rapport trimestriel et suite à la dernière consolidation, qu'environ 6 millions d'actions en circulation et que l'avoir des actionnaires est évalué à 134 millions USD. Mais l'entreprise n'avait plus à la fin mars que 5 millions de liquidité... Y aurait-il sur la mer agitée, un autre consolidation/refinancement à l'horizon...