samedi 9 février 2008

Les leçons de l'investisseur: À la bourse, les émotions n'ont pas leur place

La peur, l’avidité et surtout les regrets, bien qu'étant des comportements humains bien compréhensibles, n’ont pas vraiment leur place à la bourse. Avant de s'aventurer dans l'investissement boursier, il est sain d'avoir une certaine crainte: de se demander si on a une compréhension suffisante de cet univers complexe et si on ne va pas y risquer sa sécurité financière. Mais après, une fois qu'on a décidé d'opter pour ce type de placements, il faut se méfier des émotions qui feront surface inévitablement, telles la peur, la prétention et l'avidité, et qui viendront altérer notre jugement: seule la raison devrait nous guider.

Pourtant, si l'on observe les comportements des investisseurs durant les périodes d'euphorie boursière, comme lors de la bulle technologique, ou de panique collective comme le lundi 19 octobre 1987, on réalise à quel point les émotions sont omniprésentes à la bourse et l’étendue des ravages qu'elles peuvent causer.

Qu'est-ce qui pouvait amener des investisseurs à payer 120$ pour une action de Nortel il y a quelques années (ce qui serait l'équivalent de 1 200$ par action aujourd'hui, puisqu'il y a eu un "reverse split" de 1 pour 10 depuis), alors que rien ne justifiait une telle évaluation démesurée? L'avidité, l'appât du gain facile, peut créer l'"exubérance irrationnelle" dont parlait Alan Greenspan et amener les investisseurs à perdre leur jugement. Pour reprendre l'allégorie de Benjamin Graham: Mr. Market est un être aux émotions très instables, une sorte de maniaco-dépressif. Lorsqu'il traverse une période d'exubérance, il déborde d'enthousiasme et ne voit que des jours ensoleillés à l'horizon, il demande alors le gros prix pour les actions qu'il vous offre. Lorsqu'il traverse une période dépressive, il ne voit plus que du noir et est prêt à vous céder ses actions à rabais.

Toute décision d’acheter ou de vendre les actions d'une entreprise implique une analyse de sa situation financière et de sa gestion, une analyse de ses produits et de leurs marchés, une analyse du secteur, des compétiteurs et de l’environnement économique, une évaluation de la juste valeur monétaire de ces actions. Un travail qui fait d'abord appel à la connaissance objective des faits et à la raison. Celui qui gardera la tête froide aura la meilleure chance de réussir.

Les émotions dans ce processus d’analyse sont non pertinentes, pas plus qu’elles sont à leur place dans des travaux de génie mécanique ou de physique! Les émotions sont des interférences dans le processus d’analyse qui peuvent miner son efficacité. Le constat d’une erreur dans notre analyse qui nous a mené à une mauvaise décision, doit uniquement nous servir de leçon d’apprentissage qui nous sera utile dans l’amélioration de notre technique d’analyse et de prise de décision. Le regret culpabilisant est complètement improductif, le seul regret que l’on doit avoir c’est de ne pas apprendre de ses erreurs.

Quand tu perd, ne perd pas la leçon!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellent livre que je viens de terminer et que je recommande vivement à tout investisseur surtout les commentaires de Jason Zweig, journaliste à Money Magazine, qui a fait la mise a jour et qui vient de publier MONEY AND YOUR BRAIN, (Simon & Shuster)2007.