dimanche 26 avril 2009

Savoir quand vendre

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Pat Dorsey dans son livre « The five rules for successful stock investing » identifie les cinq règles qui doivent guider l’investisseur:
  1. Faire ses devoirs, aller chercher le maximum d’information (Do your homework)
  2. Trouver des entreprises qui sont entourées d’une tranchée qui les protège de la compétition (Economic moats)
  3. Établir une marge de sécurité dans le prix d’achat (Margin of safety)
  4. Investir pour le long terme (Hold for the Long Haul)
  5. Savoir quand vendre (Know when to sell)
De ces cinq règles, la plus difficile à assimiler pour moi est la dernière. Alors qu’il nous prêche d’investir pour le long terme dans sa quatrième règle, Dorsey insiste, dans la règle suivante, qu’il faut quand même savoir quand vendre. Cela peut sembler paradoxal. L’auteur mentionne que dans l’idéal on devrait effectivement garder nos investissements pendant des décennies mais que dans les faits, il y a des situations qui exigent de l’investisseur qu’il déroge à cette règle et qu’il sache vendre. Voici les situations où la vente est souhaitable selon lui :
  1. Le scénario qui a justifié l’achat ne tient plus : les raisons qui vous avaient amené à acheter un titre ne sont plus valables. L’analyse que vous aviez faite au départ s’avère erronée (ex. perspectives de croissance des ventes ou de production constante de flux de trésorerie postifs). Il faut savoir reconnaître son erreur et vendre. D’où l’importance de rédiger pour chaque achat, le scénario qui le justifie.
  2. Les fondamentaux de l’entreprise se sont détériorés (ex. le niveau d'endettement de l'entreprise s'est élevé au fil des ans).
  3. Le marché vous offre un prix démesurément généreux par rapport à la valeur intrinsèque de l’entreprise. On n’a qu’à penser aux prix de vente de certaines entreprises techno au début de 2000. Mr. Market était alors dans sa phase d’optimisme délirant et il fallait savoir en profiter pour vendre ces titres au prix définitivement gonflé (vendre les actions de Nortel à $120 en 2000 était une très bonne idée!).
  4. Une occasion d’acheter un titre à bon marché qui a le potentiel pour offrir un rendement supérieur se présente mais vous ne disposez pas de liquidité : vendre alors une entreprise qui offre un rendement anémique pour saisir cette opportunité, est justifié.
  5. Un titre représente un pourcentage très élevé de votre portefeuille (10 à 15%, voir plus). Il est peut être plus prudent de réduire son poids si l’on peut obtenir un prix raisonnable et prendre cette somme pour se diversifier dans d’autres titres. Une trop grande concentration peut vous rendre vulnérable. Il faut éviter d’avoir trop d’œufs dans un même panier.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Denis,

Très intéressant!

J'aurais aimé bénéficier de ton expérience pour te poser une question relativement aux nombres d'actions à détenir dans une position.

Un lot régulier se compose de 100 actions. Quels sont les désavantages d'avoir un lot brisé, disons 50 actions?

D'après une expérience récente, je n'ai pas été en mesure de placer un ordre limite sur un titre pour lequel je ne détenais que 50 actions. Une fois placé, l'ordre en question n'apparaissait pas dans le depth market. Est-ce possible?

Est-ce préférable de toujours acheter et conserver des lots réguliers? Possèdes-tu des lots brisés? Qu'en penses-tu?

Est-ce si important, si notre optique est de diversifier notre portefeuille? Qu'en pense tes lecteurs?

Meilleures salutations,

Amicalement,

Dominique

Québec Bourse a dit…

Bonjour Dominique

Je possède des lots brisés (ex. 44 actions), je n'ai pas eu de difficultés à revendre au prix désiré jusqu'à présent, parce que ces entreprises se transigeaient dans des volumes importants quotidiennement. Par contre, le danger à la bourse canadienne c'est qu'il n'est plus possible de donner des ordres "tout ou rien": disons que je possède 10127 actions d'un "penny stock" et que je veux le vendre à un prix précis durant une journée où il n'y a pas beaucoup de transactions à ce prix, je peux parvenir à vendre 10000 actions avant la fin de la séance et me retrouver encore avec 127 actions pour lesquelles je devrai payer un autre frais de transaction un autre jour si je veux vendre ces restes. Cette situation ne m'est cependant jamais arrivée jusqu'à présent. Je ne vois donc pas de problème aux lots irréguliers, sauf sur des titres qui se transigent peu en bourse.

Denis

P.S. En passant, félicitations pour ton achat de Lululemon ($17.31): le pire, c'est que j’en ai parlé sur mon blogue quand il se transigeait à $8.00 mais que je n'en ai pas acheté par la suite! Il faut se consoler, on ne peut posséder tous les titres qui nous tentent un jour ou l’autre...

Pierre-Olivier Langevin a dit…

Mon conseil est le même que Denis, si le volume de ton titre est faible essaie le plus possible d'avoir des lots complets. Autrement, si le volume est fort, le nombre d'actions que tu détiens ne devrait pas influencer ta décision.

Denis, je viens de commander ce livre sur Amazon suite à ton commentaire et je cherchais des livres récemment qui traitent sur quand vendre, crois tu que je vais trouver mon compte dans ce livre? J'apprécie beaucoup tes critiques de livre, j'avais aussi acheté le livre de Mary Buffet suite à tes commentaires et j'ai vraiment apprécié...

Pierre-Olivier

Québec Bourse a dit…

Salut Pol

Le livre de Pat Dorsey m'a beaucoup appris, je l'ai lu il y a quelques années de ça. En particulier pour comprendre mieux les composantes de l'analyse fondamentale et la lecture des rapports financiers. Intéressants également les 13 chapitres qui portent chacun sur un différent secteur d'activité. Par contre la question du moment opportun pour vendre n'est abordé que de façon rapide en quelques pages que je résume dans mon texte. Pour cette question, je crois que tu risques d'être déçu mais pour le reste, je trouve que c'est un très bon livre qui explique simplement et de façon agréable des questions quand même assez complexes.

Denis

2 a dit…

Bonjour a tous,

Desoler pour mon pauvre francais. Je ne sais pas ou mettre se commentaire, mais j'aurais voulu faire mes quelques suggestions. Denis, pourrais-tu faire un etat sur la grippe porcine et ces effets sur la bourse? Ensuite, y-a-t-il des logiciels gratuis, sans a avoir a payer, pour suivre la bourse en direct?

Valeur et Profit a dit…

Autant l'argument 4 est est pertinent (d'autres titres présentent de meilleurs perspectives) autant le 5 ème argument sur le poids du titre dans le portefeuille est faible.

Autant avoir un gagnant qui représente 50 % de mon portefeuille que de le réduire à 5 % pour une raison purement "technique".

Mais ce n'est que mon pointe de vue.

http://valeuretprofit.blogspot.com/

Anonyme a dit…

Merci Pierre-Olivier!

Québec Bourse a dit…

Bonjour Foubrak.

À la bourse, il y a deux émotions qu'il faut craindre: la peur et l'avidité. La peur causée par la possibilité d'une pandémie de grippe porcine peut, paradoxalement, créer des opportunités d'achat. Par exemple, si le secteur de la fabrication d'avions est durement pénalisé au cours des prochaines semaines par cette peur, cela pourrait créer des occasions d'achat, parce que ce secteur offre de bonnes perspectives à moyen terme, au delà de la conjoncture actuelle, tant économique qu'en matière de santé. Le secteur du transport aérien est quant à lui, selon moi, à éviter en tout temps, sauf quelques exceptions. Si j'ai le temps, je vais écrire un texte cette semaine sur les effets de la grippe porcine sur la bourse.

Pour ce qui est de ta deuxième question, les logiciels gratuits, je n'en connais malheureusement pas. Si tu veux te familiariser avec la bourse et que tu comprends l'anglais, je te suggère les cours gratuits de Morningstar, j'ai abordé cette possibilité dans un texte que tu peux trouver en suivant le lien ici:

http://quebecbourse.blogspot.com/2008/01/morningstar-vous-offre-gratuitement-un.html

Denis

Anonyme a dit…

Merci Denis pour ta réponse.

Elle m'est utile.

Il est vrai qu'on ne peut posséder tous les titres qui nous tentent un jour ou l’autre. :)

Croyant avoir déniché quelques aubaines supplémentaires, malgré le rebond vigoureux des 7 dernières semaines, je devrai me contenter de maigres positions pour mettre la main sur ces titres. Ça me permet néanmoins d'ajouter d'autres secteurs à mon portefeuile, et d'obtenir un titre qui se transige à moins de 8 fois les bénéfices, entreprise dont le bilan est impeccable.

Savoir quand vendre demeure pour moi d'une extrême complexité.

Je te remercie, à nouveau, de nous partager conseils et expérience.

Dominique

Québec Bourse a dit…

à Valeur et profit

Moi je n'aurais pas de crainte à avoir une solide entreprise qui occuperait de 10 à 20% de mon portefeuille, au delà de ça, cela devient risqué selon moi. Aucune entreprise n'est à l'abri d'une crise: il n'y a pas si longtemps les titres financiers semblaient solides comme du béton et pourtant on connait la suite... Mais ce n'est que mon point de vue, le tien est tout aussi valable.

Denis

Québec Bourse a dit…

à Dominique

Merci pour les bons mots. C'est un plaisir d'échanger avec les lecteurs de mon modeste blogue. Ça demeure des "échanges", je n'ai pas la prétention de "conseiller" qui que ce soit quant à leurs investissements. On se parle comme des collègues de bureau qui discutent en prenant un café à la pause. Au moment de prendre la décision finale d'investir, il faut en assumer l'entière responsabilité, peser le pour et le contre et prendre une décision qui ne revient qu'à nous.

Bonne journée

Denis

Sylvain a dit…

bonjour
la question de savoir quand vendre est effectivement importante, et encore plus pour les fonds de placement, de mon point de vue personnel. cela ne m'est pas encore arrivé et je ne sais pas trop comment aborder la chose.
n'ayant pas un capital important dans l'absolu mais apportant des liquidités chaque mois (je travaille), je pense que, plutôt que de vendre des parts des fonds, j'apporterai les liquidités sans les investir...
en gros ma part de liquidités augmentera au fur et à mesure que le marché montera dans son ensemble, mais sans rien vendre.

enfin là j'anticipe un peu car on en est encore loin ! pour l'instant j'achète et je réduis mes liquidités.

voilà pour mon petit commentaire.
par ailleurs j'apprécie beaucoup votre blog québec bourse...

sylvain