mardi 12 mai 2009

Des milliers de titres: trois catégories

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Selon moi, il y a trois trois catégories d'actions, en fonction de la solidité financière des entreprises, de la position qu'elles occupent dans leur marché, de la qualité de leur direction et autres éléments qui déterminent, en quelque sorte, le niveau de risque de l'investissement.

Catégorie A: les valeurs sûres, l'élite. Appartiennent à cette catégorie les entreprises qui ont un bilan financier irréprochable, qui génèrent d'importants flux de trésorerie (cash flow) qui leur permettent de faire des acquisitions de qualité au moment opportun, des entreprises qui occupent la première position dans leur marché et qui possèdent des marques reconnues, etc (ex. Microsoft, Coca-Cola, Google, Cisco Systems). Habituellement, ces titres comportent un niveau de risque peu élevé sur une perspective de quelques années. En contrepartie, on ne peut espérer un rendement spectaculaire à court terme: leur prix est assez bien ajusté à leur valeur réelle. En nombre, c'est le plus petit groupe, moins de 5% des entreprises environ.

Catégorie B: les "entreprises ordinaires", les compagnies moyennes. Ces entreprises ont des actifs non négligeables mais n'ont pas un dossier impeccable: elles sont en deuxième, troisième ou quatrième position dans leur marché, elles ne possèdent pas les marques les plus reconnues, leurs bilans financiers peuvent contenir un niveau d'endettement un peu trop élevé et inquiétant, leurs directions prennent parfois des décisions discutables (ex. mauvaises acquisitions), etc.

À cause de ce dossier qui comporte des plus et des moins, des points d'interrogation et des risques, dans un marché baissier (bear market) les titres de catégorie B baisseront davantage que ceux de l'élite. En contrepartie, après avoir été plus durement amochés dans la baisse des marchés, plusieurs d'entre eux se redresseront de façon importante dans un marché haussier (bull market): leur rendement à court terme, pourra même être plus élevé que celui des entreprises stables et reconnues, ces titres feront en quelque sorte un rattrapage par rapport à leur valeur réelle. Ces gains seront cependant vulnérables: les titres de ces entreprises fluctuent davantage que ceux de la catégorie A et, sur plusieurs années, leur rendement sera globalement inférieur à celui des entreprises d'élite. En nombre, c'est entre 25 et 30% des entreprises inscrites en bourse.

Catégorie C: les "billets de loterie". Ces entreprises sont souvent en bourse uniquement parce qu'elles ont besoin de capitaux pour se développer, ou simplement survivre... Plusieurs de ces entreprises de petite taille seront dans le décor pendant des années, elles végéteront, connaîtront une remontée pendant quelques mois suite à une nouvelle, puis retomberont dans l'oublie. Un titre peut ainsi se transiger pendant dix ans, sans offrir rien de vraiment intéressant à l'investisseur, surtout pas la stabilité! Un jour, ces entreprises se mettront à péricliter suite à un évènement, à une crise financière, à la non-approbation d'un médicament: elles feront alors de nouvelles émissions d'actions pour survivre qui viendront diluer la valeur des actions existantes, ou pire, se retrouveront éventuellement sous la protection du Chapitre 11. Je mets également dans cette catégorie, les entreprises de grande taille qui ont de lourdes dettes (ex. General Motors), ou qui fabriquent des produits appelés à devenir désuets, ou qui ont des problèmes de transparence ou d'honnêteté dans leur comptabilité...

Ce groupe C ne mérite pas que vous y investissiez, à moins que vous ne soyez conscient que vous achetez un "billet de loterie". En effet, les chances de se retrouver éventuellement avec rien dans les mains, sont ici élevées. En contrepartie, quand l'une de ces entreprises parvient exceptionnellement à sortir de ce groupe des "produits douteux", pour s'élever dans la catégorie B, le retour sera alors très élevé: puisque, partant de si bas, leur valeur pourra être décuplée en quelques années. Mais ces billets gagnants sont très rares, croyez-en mon expérience. En nombre, la catégorie C est la plus grosse (plus des 2/3 des titres en bourse), puisqu'elle contient toute cette multitude de "small cap" qui promettent à l'investisseur un produit miracle qui s'imposera un jour au consommateur, un médicament qui viendra à bout de la plus terrible maladie, des terrains miniers au riche potentiel... Tous ces rêves qui 19 fois sur 20 finissent par s'évaporer, après avoir fait miroiter la richesse pendant quelques années à l'investisseur qui rêvait de frapper le "coup de circuit".

Pour ma part, j'ai environ 25% d'entreprises de catégorie A, 60% de catégorie B et 15% de catégorie C (beaucoup trop, vestiges de mes premières années d'investissement...). C'est mon côté chasseur d'aubaines qui m'a conduit à cette nette prédominance des compagnies moyennes au fil des ans. Je trouve ça un peu ennuyeux d'investir dans les "blue chips", j'ai davantage de satisfaction à chercher dans la multitude d'entreprises moyennes, celles dont la valeur me semble temporairement sous-estimée ou qui ont le potentiel pour accéder un jour au "grand club". Peut-être plus excitant comme style d'investissement, mais pas nécessairement le meilleur choix pour faire fructifier ses avoirs à long terme... Et vous, la répartition entre ces trois catégories dans votre portefeuille ressemble à quoi?
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2 commentaires:

Pierre-Olivier Langevin a dit…

Pour ma part, je dirais que j'ai 50% de mon capital dans le groupe A et 50% dans le groupe B. J'ai déjà eu des positions dans des entreprises du groupe C mais après envrion 1 an, j'ai compris que c'était inutile avec j'ai vendu mes actions.

Je suis le genre d'investisseur qui recherche des titres avec une très bonne stabilité dans des industries faciles à comprendre et dont la position dominante de l'entreprise me laisse croire que ses marges élevées ne s'effriteront pas bientôt. J'aime les entreprises qui ont un gros retour sur l'actif et un gros retour sur l'avoir des actionnaires. Et enfin, j'aime quand cette entreprise ne verse pas un trop gros dividende puisque je préfère qu'elle le réinvestisse elle-même dans sa propre croissance.

Une bonne partie de mon portefeuille de courtage se trouve dans des actions qui en mon sens ont ces caractéristiques:
Richelieu
Wells Fargo
Procter And Gamble
3M

Thierry Collart a dit…

Pour ma part, c'est 100% en catégorie 1 !

Jugez plutôt:
- China Mobile Limited (Chine)
- Colruyt (Belgique)
- Hennes & Mauritz (Suède)
- Intuitive Surgical (Etats-Unis)
- McDonald's Corporation (Etats-Unis)
- Nestlé (Suisse)
- Reckitt Benckiser (Grande-Bretagne)
- Roche Holding (Suisse)

http://cervininvest.blogspot.com/

Je dors très bien la nuit, je peux ne pas suivre mon portefeuille durant une longue période, la bourse peut fermer des années...
J'encaisse mes dividendes tranquillement en attendant les plus-values.