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Évaluer la valeur d'une entreprise est un exercice hasardeux, peu importe le secteur. Mais évaluer la valeur d'une entreprise techno l'est encore plus. Il y a quelques années à peine, de sérieux analystes donnaient à Nortel une valeur de $100 l'action, ce qui équivaudrait à $1000 aujourd'hui, puisqu'il y a eu une consolidation d'actions (reverse split) de 10-1. L'action de Nortel qui est maintenant sous la protection du Chapitre 11, n'a pratiquement plus aucune valeur, elle se transige à $0,05 aujourd'hui.

C'est que les produits des technologies de l'information et des communications sont extrêmement vulnérables: un compétiteur peut du jour au lendemain rendre votre produit désuet, en amenant sur le marché un autre produit aux caractéristiques technologiques supérieures ou qui répond mieux aux goûts changeants des consommateurs de produits électroniques. Même le produit le plus à la mode n'est pas à l'abri de ce phénomène, la guerre technologique est féroce et sans répit et demande des investissements constants des entreprises.
Il y a quelques années, Motorola (MOT-NYSE) a connu un grand succès avec son téléphone cellulaire Motorola Razor aux lignes effilées qui surclassait alors la compétition. Depuis, les téléphones intelligents (BlackBerry et I-Phone) de compétiteurs comme Research in Motion (RIM-TSX) et Apple (AAPL-Nasdaq) ont surgis et ont relégué le Razor quasiment aux oubliettes. L'action de Motorola qui avait dépassé les $24 au printemps 2006, lorsque le Razor était un objet techno à la mode, a chuté à $3 en mars dernier, avant de se redresser quelque peu ($7.50). L'action de Apple qui se situait dans les $70 au printemps 2006, en vaut près de $170 aujourd'hui.

Investir dans les entreprises techno, c'est un peu comme lancer des dés sur une table de jeux. J'ai peu d'attirance pour ce secteur d'activité hautement imprévisible. Tant qu'à y investir, puisque je n'ai aucune façon de prévoir les tendances ou de deviner ce qui se prépare chez chacun des principaux compétiteurs, je serais porté à miser sur des entreprises dont les produits ne sont pas les plus à la mode actuellement et dont le titre n'est pas, conséquemment, gonflé par cet engouement, mais qui n'en ont pas moins une situation financière saine, des ressources monétaires pour investir en R&D et des "cerveaux" qui dans l'ombre aujourd'hui, sont peut-être en train de concocter le prochain gadget électronique qui sera en haut du palmarès dans deux ans. Surtout, des compagnies qui se transigent à des multiples raisonnables (prix/bénéfices, prix/free cash flow, prix/ventes, dettes long terme/avoir des actionnaires).

Ainsi, je n'investirais ni dans Apple, ni dans Research in Motion, toutes deux surévaluées selon moi, mais dans une entreprise comme la finlandaise Nokia (NOK-NYSE, $12,59). Nokia se transige actuellement à un ratio
prix/ventes par action de 0,6, alors que Research in Motion est à 3,6 et Apple à 4,4. En prime, à son prix actuel, le titre de Nokia retourne aux actionnaires un dividende de 4,3%, alors que ni Apple, ni RIM, malgré leurs profits astronomiques des dernières années, n'ont eu la décence de retourner le moindre sou à leurs actionnaires. Ce type d'investissement demeure un
lancer des dés, mais tant qu'à y jouer, je miserais sur Nokia.
Mise en garde: ce n'est que mon point de vue de simple investisseur, à vous d'y regarder de plus près si ce titre vous intéresse. Les dividendes des titres ADR comme ceux de Nokia ont un traitement fiscal différent de ceux des compagnies canadiennes. Il faut s'informer avant d'investir!
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