.
À la fin 2003, un de mes amis misait sur toutes sortes de petites entreprises québécoises nouvellement inscrites en bourse et frappait, assez régulièrement, ce qui semblait être des coups de circuit. Pendant ce temps, moi qui en était encore à mes premiers pas dans l'investissement, je me cassais la tête à faire l'apprentissage de l'analyse fondamentale et j'obtenais des rendements très modestes.
L'ami en question qui profitait d'une extraordinaire chance du débutant, lui, ne se cassait vraiment pas la tête : il notait une mention sur une compagnie prometteuse dans la section affaires d'un quotidien, en retenait le code boursier et passait à l'attaque, bien souvent il ne se souvenait même pas du nom exact de l'entreprise. "Denis, tu devrais acheter du CUR, du PLI, du CJB... ça va monter...". Un jour il m'arrive avec une histoire glanée dans le Journal des Affaires: "Brisebois va acheter ZAQ, il va en faire une seconde Cognicase... ça va monter, manque pas ta chance...".
Je me suis laissé tenter et j'ai acheté des actions de ZAQ qui allait devenir Isacsoft (ISF au TSX Venture). En tenant compte du reverse split d'octobre 2006, qui allait transformer 15 actions en une seule, j'ai payé pour ces premières actions d'Isacsoft l'équivalent de $3,30. Nous étions tellement nombreux à croire que Ronald Brisebois allait répéter son exploit de Cognicase que le titre, alimenté strictement par cette croyance en ce messie boursier, a dépassé ce qui serait l'équivalent de $10 aujourd'hui, au début 2004 (toujours en tenant compte du reverse split). J'entends les commentaires de mon ami: "Je te l'avais dit Denis que ça allait monter, Brisebois c'est un gagnant, tout ce qu'il touche devient de l'or...".
Oui, le titre montait, mais c'était uniquement nous, les croyants (et les spéculateurs), qui le faisaient monter : les résultats concrets de l'entreprise étaient bien en deçà du miracle financier. Ce qui devait arriver, arriva. Le ballon se dégonfla, en particulier avec le "reverse split", la damnation qui guette les titres des petites entreprises à faible capitalisation. Le titre est finalement descendu à $0,17 en novembre 2007.
J'apprends que notre gourou a décidé de se débarrasser des membres de sa secte devenus trop encombrants, ces milliers de petits investisseurs qui ont crû qu'il allait les mener au grand soir. Ronald Brisebois trouve ça maintenant contraignant d'être une entreprise publique. Alors, dans toute sa magnanimité, il offre $0,33 l'action pour racheter la compagnie, avec quelques gros actionnaires, et la rendre privée. Quel grand coeur... Encore une fois, un entrepreneur québécois a utilisé l'argent des petits investisseurs pour les traiter par la suite en moins que rien, maintenant que l'histoire a mal tourné (ou s'apprête à bien tourner?).
.
1 commentaire:
Merci pour vos commentaires.
Enregistrer un commentaire