lundi 3 décembre 2007

FRONTLINE : une machine à «free cash flow » et à dividendes

Il y a des entreprises qui font des millions de profits depuis des années et qui ne trouvent jamais un sous à retourner à leurs actionnaires sous forme de dividendes. Ces entreprises, par contre, font souvent preuve de grande générosité envers leurs dirigeants qu'elles récompensent avec de plantureux salaires, bonis, comptes de dépenses et montagnes de stocks options. On en retrouve beaucoup chez les entreprises technologiques : on a qu’à penser à Dell, Cisco, Apple… Ces dirigeants et certains employés s’en mettent plein les poches mais l’idée d’en retourner de temps en temps aux simples actionnaires ne leur vient jamais à l’esprit.

Frontline ne fait pas partie de ce groupe, et que non! Frontline (FRO au NYSE, $44,63) est une entreprise norvégienne de transport de produits pétroliers. Frontline possède une flotte de 80 pétroliers, dont elle confie la gestion des équipages et de l'entretien à des sous-traitants qui voient à s’assurer que les pétroliers arrivent à bon port et en bon état: Frontline, à son bureau-chef, n’a qu’une centaine d’employés. Périodiquement, selon les occasions qui s’offrent à elle, Frontline se départit des plus vieux vaisseaux pour les remplacer par de plus récents.

Frontline a une dette élevée, mais elle génère beaucoup de flux de trésorerie (cash flow): ce qui lui permet de rencontrer ses obligations vis à vis de ses créanciers, d'investir dans le maintien et le renouvellement de sa flotte et de disposer de sommes importantes en bout de ligne, malgré ces dépenses. Ainsi, au cours des quatre dernières années, elle a généré en moyenne l’équivalent de $6,50 par action de free cash flow: pour une action qui s’est transigée aux environs des $40 depuis trois ans, cela représente un ratio prix/FCF très bas (6,2).

Ce qui distingue Frontline depuis 2003, c’est la décision des dirigeants de retourner aux actionnaires pratiquement tout ce qui reste de ces importants flux de trésorerie disponibles, une fois que les coûts d’opération et de paiement de la dette ont été couverts. Les actionnaires ont ainsi reçu, par action, les sommes suivantes : $17,45 (2004), $11,22 (2005), $7,00 (2006) et $8,30 (2007). Le yield annuel a ainsi atteint une incroyable moyenne de 27% durant cette période. À cela, s’est ajouté des paiements de "spin off" de $6,48 sous forme d’actions, suite au détachement d’une de ses composantes : Ship Finance International (SFL au NYSE). En combinant les deux, dividendes et cession d'actions de Ship Finance International, le retour aux actionnaires atteint ainsi plus de 30% annuellement depuis le début 2004.

Ce modèle d’affaire comporte cependant des risques. Tant que le prix moyen (spot market) pour le transport du pétrole se maintient, comme c’est le cas depuis quelques années, l’entreprise peut continuer à générer d'importants flux de trésorerie et à prendre soin de ses actionnaires. Le jour où ce coût moyen se mettra à descendre, la machine à cash flow sera alors en péril, d’autant plus que l’importance de la dette demeure: si les entrées d’argent deviennent plus modestes, les obligations de l’entreprise envers ses créanciers auront alors la priorité sur les dividendes. Dans une telle situation, la valeur de l’action pourrait également chuter brutalement.

Pour l’instant, la demande mondiale pour le pétrole se maintient et le coût moyen de son transport aussi, malgré des fluctuations occasionnelles. Les actions de Frontline, surtout lorsqu’elles sont à l’abri de l’impôt dans un compte REER, offrent ainsi un rendement fort intéressant. Ça demeure tout de même un « placement houleux », à l’image des énormes pétroliers de Frontline parcourant les océans. Au cours des prochaines semaines, maintenant que la date limite pour avoir droit au prochain dividende est passée, et parce que les derniers résultats étaient un peu décevants, l'action pourrait redescendre sous les $40: ce qui peut constituer un point d'entrée valable.

Site web: FRONTLINE

Tableau des versements de dividendes de Frontline, cliquez >>> ici

1 commentaire:

Québec Bourse a dit…

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