Au début novembre, la chaîne de quincailleries RONA (RON au TSE) a présenté des résultats pour le troisième trimestre un peu tièdes: les investisseurs ont répondu négativement, l’action a reculé depuis vers les $17. À première vue, la performance semblait très honnête : croissance de 6,7% des ventes, augmentation du bénéfice d’exploitation de 11,0%, amélioration de la marge d’exploitation (de 8,65% à 9,01%), augmentation du bénéfice nette de 5,9%.
Pourquoi alors le marché est-il si négatif vis-à-vis ce titre? C’est que lorsqu’on fouille les données, on constate que la croissance est surtout attribuable aux acquisitions et à l’ouverture de nouveaux magasins : les ventes dans les magasins ouverts depuis douze mois ont plafonnées (+0,1%). RONA a reconnu que la contribution à son volume de profits de ces magasins établis , serait moindre cette année que ce qu’elle prévoyait. Dans un marché où bon nombre d’investisseurs ne carburent qu’à la croissance, un tel aveu ne peut que provoquer des interrogations.
En fait, les investisseurs se demandent d’où viendra la croissance en 2008 pour RONA? L’industrie de la construction ne connaît pas au Canada une crise comme celle vécue aux États-Unis, elle se maintient à un très haut niveau d’un point de vue historique. Cependant, les mises en chantier dans la construction résidentielle ont commencé à baisser au Québec et la crainte d’un ralentissement économique au Canada dans les sillons d’un recul de l’économie américaine en 2008, pourrait menacer le niveau des dépenses de rénovation. Ma perception c’est que certains grands investisseurs ne voient pas de catalyseur pour ce titre en 2008 : ils le perçoivent comme de la «dead money» à court terme, alors que le marché offre actuellement des compagnies américaines à rabais avec un dollar canadien fort (par exemple, Home Depot et Lowe’s). Il y a aussi l'arrivée de Lowe's sur le marché canadien qui inquiète certains investisseurs.
Pourtant, le titre de RONA présente des éléments positifs dont l’investisseur devrait tenir compte dans son analyse. La force du dollar canadien n’est pas pour RONA une menace, puisque son marché est essentiellement canadien. Au contraire, la force du huard est pour cette entreprise un avantage : il lui permet de se procurer à moindre coût à l’étranger plusieurs des produits qu’elle met sur ses tablettes. Les analystes prévoient que RONA réalisera $1,83 de profit par action en 2008 : l’action se vend donc actuellement ($17.25) à 9,4 fois ses bénéfices par action prévus pour l’an prochain, un ratio intéressant. RONA, malgré ses acquisitions, a une bonne situation financière : son ratio dette/avoir des actionnaires est à 0,45. La gestion de RONA est de qualité : les dirigeants en place ont démontré du sérieux et de la constance dans leur gestion au cours des dernières années.
À moyen terme, RONA bénéficie de facteurs structurels favorables : augmentation de l’intérêt des canadiens pour la rénovation et le jardinage, poids des baby-boomers qui ont les capacités financières pour se payer des travaux de rénovation, parc des logements existants qui prend de l’âge… Le titre de RONA continue ainsi à offrir un potentiel intéressant à moyen terme. Selon moi, le cours actuel de l’action à $17.25 constitue un bon point d’entrée.
Site web: RONA
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