mardi 9 décembre 2008

Où est passé le mille milliards de dollars?

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Où est passé le mille milliards de dollars? C'est la question que je me pose. Cette somme pharamineuse, c'est celle de la diminution des valeurs boursières depuis quinze mois, suite à la débâcle des marchés entraînée par la crise des "subprimes", ces mauvais prêts hypothécaires qui ont été accordés lors de transactions qui n'auraient jamais dû avoir lieu.

Comme dit le proverbe: "Rien ne se perd, tout se transforme". Proverbe ou loi de la physique, peu importe. En finance, c'est également vrai, on pourrait dire aussi: "ta perte est mon gain", ou vive versa. Il est extrêmement malheureux que quelques millions d'américains aient payé beaucoup trop cher pour une maison qu'ils n'avaient pas, bien souvent, les moyens de se payer. Cependant, en bout de ligne, ils ne sont pas les seuls qui auront perdu dans cette aventure: les pertes auront été absorbées à la fin, par des institutions financières non seulement aux USA, mais partout sur la planète (via les PCAA) et donc, par des millions d'actionnaires de ces institutions et de cotisants à des fonds de retraite.

Ça ne répond toujours pas à ma question: où est passé le mille milliards? Car, cette perte des uns, s'est transformée en gain pour les autres. Et ces "autres", ce sont d'abord et avant tout des américains (individus et spéculateurs organisés) qui ont obtenu le gros gain lors de transactions hypothécaires aux prix gonflés par un surnombre artificiel d'acheteurs durant la création de la bulle immobilière.

Il y a donc des gens qui ont fait de l'argent, beaucoup d'argent, grâce à ce système nourri par la spéculation et l'irresponsabilité institutionnelle et gouvernementale. Les vrais gagnants de ce triste épisode, ce sont d'abord ceux qui vendaient les maisons dans ces transactions irrationnelles. Des heureux vendeurs individuels qui ont profité d'une conjoncture favorable, certes, mais surtout des spéculateurs organisés qui achetaient et revendaient rapidement aux premiers venus, avec un profit rapide et généreux, des maisons dont le prix était artificiellement gonflé de mois en mois par cette spirale spéculative.

Puis, il y a ceux qui faisaient fonctionner le système, en "vendant" des prêts alléchants et trompeurs à des personnes aux revenus limités, en se prenant au passage une généreuse quote-part. Dans cette chaîne alimentaire que générait cette spirale immobilière, on retrouvait ainsi à la base des courtiers en prêts immobiliers qui bâclaient ces prêts douteux, avant de les refiler à des banques qui les confiaient à leur tour à des banques d'investissement qui les réunissaient dans des produits sophistiqués de type PCAA, qu'ils offraient par la suite à de grands investisseurs institutionnels (ex. Caisse de dépôts et placements du Québec) attirés par des rendements prometteurs. Ce processus tortueux assurait un certain anonymat à ces actifs contaminés, jusqu'au jour où leur toxicité a fait surface...

Les américains ont donc répandu cette pandémie financière, via les PCAA, partout sur la planète. Ceux qui se sont laissés séduire par les attraits de ces produits financiers à la santé douteuse, ont aussi une part de responsabilité pour les malheurs qui suivirent. Il n'en reste pas moins que cette plus grande escroquerie de l'histoire financière a ramené en sol américain une partie des économies de la planète. C'est là qu'il est passé, en très grande partie, le mille milliards de dollars.

La nouvelle administration américaine, si elle veut rebâtir l'image des États-Unis dans le monde, devra mettre sur pied une commission d'enquête pour faire la lumière sur ce système de spéculation, d'avidité et d'irresponsabilité. Système qui aura permis à une telle bulle immobilière d'apparaître en sol américain, de se gonfler artificiellement pendant des années, de se répandre sur la planète via les PCAA, avant d'éclater aux dépens de millions d'actionnaires d'institutions financières et de cotisants à des fonds de pension un peu partout dans le monde.
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3 commentaires:

Québec Bourse a dit…

Merci pour vos commentaires.

Anonyme a dit…

Salut,

Je ne suis pas certain que le dégonflement des valeurs mobilières soit allé dans les poches de qui que ce soit. C'est juste de la valeur sur papier qui est disparue tout simplement de notre portefeuille.

Québec Bourse a dit…

Pour les valeurs mobilières, tu as raison, les valeurs boursières étaient peut-être simplement sur-évaluées. Mais pour les transactions immobilières, c'est autre chose: quand un vendeur obtenait 25% de plus que le prix auquel il aurait eu droit parce qu'il y avait un surnombre artificiel d'acheteurs, il faisait un gain réel, alors qu'à l'opposé, quand une banque se retrouve aujourd'hui avec une maison sur les bras qui vaut 25% de moins que le prêt qu'elle avait accordé à un emprunteur non solvable, elle doit absorber une perte réelle. Et puisque les maisons en question ont essentiellement été vendues par des américains, alors que les mauvais prêts sont absorbées par des prêteurs non seulement américains mais de partout sur la planète (via les PCAA), j'en conclu que le solde de cette crise est favorable aux américains et défavorable à tous les autres pays qui ont vu leurs institutions financières s'aventurer dans cette galère. Parlez-en à l'Islande!