samedi 19 septembre 2009

Les leçons de l'investisseur: Échanger des titres, un couteau à deux tranchants

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L'un des pièges lorsqu'on débute en bourse, c'est de développer le besoin de transiger, simplement pour sentir la "drive" de transiger, la sensation de réaliser ce qu'on croît être un bon coup.

Si on ne possède pas de liquidités pour assouvir notre soif de transiger, qu'est-ce qu'on fait? On se tourne vers la possibilité de "faire des échanges", comme on dit en langage de hockey. Et si je vendais le titre de cette jeune recrue dont le développement semble piétiner et que j'obtenais en échange ce vétéran qui a fait ses preuves et qui pourrait me donner rapidement un meilleur rendement... Ou l'inverse, je pourrais me débarrasser de ce vétéran assoupi et obtenir cette recrue qui a le potentiel d'une super-star... On devient un directeur-gérant impatient, prêt à chambouler son équipe pour le seul plaisir de bouger et de se sentir utile.

À mes débuts en bourse, après quelques temps, je me suis retrouvé dans cette situation: je n'avais plus de liquidités, mais en étudiant les marchés je voyais plein de Wayne Gretzky et de Mario Lemieux qui ne demandaient qu'à être repêchés. Je décidai de passer à l'action et je fis deux échanges dans une même journée, je montrai la sortie à Exfo Electro-Optical (EXF-TSX) et à JDS Uniphase (JDSU-NYSE) et j'obtins en retour Corning (GLW-NYSE) et PerkinElmer Inc (PKI-NYSE). Il s'avéra que ce fut un excellent échange, car mes deux acquisitions qui étaient au plancher au moment de la transaction, semblèrent complètement revigorées dès leur arrivée dans leur nouvelle équipe! Ils remplirent les buts séance après séance, alors que mes deux "ex" se retrouvèrent pratiquement dans la ligue Américaine...

Cette chance du débutant dont avait bénéficié le jeune directeur-gérant que j'étais, me monta rapidement à la tête. Pourquoi m'arrêter là, puisque j'avais le flair d'un Sam Pollock! Je me mis à multiplier les échanges, je cédais des recrues au potentiel intéressant que j'avais pris des mois à dépister dans les mineures, pour les troquer pour le premier joueur venu qui me semblait leur être supérieur par une coche. Il arriva ce qui devait arriver: les échanges suivants furent nettement moins intéressants, jusqu'au jour où j'échangeai, sans le savoir, celui qui aurait pu devenir mon joueur étoile, celui qui m'aurait mené à la coupe Stanley: Algoma Steel. J'ai déjà raconté cette triste transaction dans un billet antérieur.

Bob Gainey quand il transige, n'a pas à payer des frais de transaction ou à déclarer des gains de capitaux imposables, privilège que nous n'avons pas, nous investisseurs. L'échangisme à outrance en bourse est donc une pratique qui peut s'avérer coûteuse et risquée, et qui vous amènera inévitablement à vivre de douloureux regrets quand vous apercevrez un jour ce joueur que vous aviez découvert dans un aréna perdu dans un quelconque bled, briller maintenant de tous ses feux dans l'équipe adverse, installé au sommet de la liste des pointeurs de la ligue Nationale...
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour! Bon article, il est vrai que sauter d'une action à l'autre sans bonne raisons c'est un "gamble". Mais juste un petit commentaire au sujet de Algoma Steel (nous avons lu ton expérience passé sur ce titre) Ne regrette pas ta décision d'avoir vendu car: 1 regarder le passé à la bourse ne doit servir que pour mieux investir à l'avenir et 2: Algoma à l'époque, au alentour de 2$ s'était mis en protection de faillite, et quelques temps plus tards, le titre à réapparut comme par magie (vers les 40$) sous le même symbole (ce qui t'a donné l'impression que tu avait manqué une occasion) mais tout les possesseurs de titres originaux Algoma (entre autre notre groupe) avons perdus tout les titres. Nous sommes toujours à la recherche d'une façon de récupérer notre argent. Donc tu as quand même fait 2$ l'action, c'est mieux que rien!