mardi 16 octobre 2007

BIOVAIL : son généreux dividende est-t-il menacé par la disparition de la protection sur son médicament-vedette?

Après avoir été une “darling” du marché bousier canadien au début de la décennie, Biovail (BVF au TSX et au NYSE) s’est retrouvée au banc des accusés suite à différentes malversations : enquête du Toronto Stock Exchange sur ses pratiques comptables, rémunération indécente des dirigeants, poursuite d’actionnaires floués… L’action qui avait atteint plus de $55 en 2001, se situe aujourd’hui aux environs de $17.

À la fin 2004, un nouveau directeur général fut nommé, Douglas Squires, pour ramener un peu d’ordre dans l’entreprise. Il y est parvenu en recentrant l’entreprise sur ce qu’elle fait de mieux : en utilisant des technologies sur lesquelles elle détient des droits, à partir de médicaments existants, Biovail crée de nouvelles formulations qui modifient certaines caractéristiques de ces médicaments et augmentent les bénéfices que peut en tirer l’utilisateur (ex. en permettant une absorption constante ou décroissante du médicament par le corps humain).

Biovail se concentre surtout sur les médicaments cardio-vasculaire, sur ceux qui réduisent la douleur et sur ceux qui s’appliquent au système nerveux central. Les versions améliorées de médicaments existants ont une protection légale (patent), mais elle est habituellement de plus courte durée (trois ou quatre ans) que celle des médicaments d’origine. Ceci exige de Biovail qu’elle travaille constamment à trouver de nouvelles formules pour remplacer celles qui viennent à expiration : cela rend la stabilité des revenus plus précaire.

Depuis quelques années, Biovail génère d’importants flux de trésorerie libres (free cash flow): l’an dernier, ils ont atteint 477 millions ou l’équivalent de $3 par action, un multiple de moins de six versus son cours actuel. Avec tout cet argent à sa disposition, Biovail a décidé de distribuer aux actionnaires un dividende de 1,50$ par année, ce qui donne actuellement un énorme yield de 8,5%! Les analystes prévoient des bénéfices par action de $1,88 cette année, soit un multiple de 9,4 par rapport à son cours actuel. Alors, pourquoi diable le cours de l’action est-il si bas, pourquoi l’action a-t-elle chutée de $26 en juillet au $17,44 d’aujourd’hui?

La protection que détenait Biovail pour son médicament vedette Wellbutrin XL disparaît cette année, ce médicament anti-dépression assurait 42% de ses ventes: il devra donc faire face à la concurrence de médicaments génériques. Les grands investisseurs et les analystes s’attendaient à ce qu’une autre formulation du médicament (en sels à utilisation quotidienne unique) obtienne une approbation de la U.S. Food and Drug Administration et une protection légale pour quelques années. Mais voilà, l’organisme réglementaire a refusé pour l’instant l’approbation de cette nouvelle formulation. Le vide créé par la disparition de la protection sur la version actuelle du Wellbutrin XL est donc intacte et amène les analystes à prévoir une baisse des profits pour la prochaine année. La brutale réaction des marchés au lendemain de l’annonce de la décision de la U.S. Food and Drug Administration (baisse de 21% en une seule séance) m’amène à penser que plusieurs en concluent que les flux de trésorerie libres vont fondre également et avec eux la capacité de maintenir un dividende aussi généreux.

Biovail pourra représenter sa formule en sels du Wellbutrin XL et possiblement obtenir une approbation de la U.S. Food and Drug Administration d’ici deux ans : ce qui ramènerait beaucoup d’investisseurs. À court terme, l'impact de l'absence de protection sur le Wellbutrin XL se fera sentir sur les revenus et les profits de l’entreprise en 2008. Par contre, aucun des autres médicaments importants de Biovail ne verra sa protection disparaître avant 2010. Les laboratoires de Biovail ont été productifs au cours des dernières années, il est donc possible qu’ils en sortent de nouveaux médicaments qui combleront en partie ce vide. De plus, Biovail est devant les tribunaux pour obtenir une prolongation de la protection de sa version du Ultram ER (anti-douleur) au delà de 2010 et ce, possiblement jusqu’en 2014.

L’action de Biovail est attrayante à son prix actuel, surtout à cause de ses flux de trésorerie libres et de son généreux dividende. Les risques que font peser sur eux la disparition de la protection sur le médicament vedette de Biovail sont cependant réels. C’est donc un investissement à risques plus élevés que la moyenne.

Site web: BIOVAIL

1 commentaire:

Québec Bourse a dit…

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